La chatelaine
Elle souleva le lourd rideau de la fenêtre qui donnait sur le grand parc. Aujourd’hui le soleil caressait les feuilles des arbres centenaires et glissait entre les allées bordées de buis. Un temps à sortir pour profiter de la nature mais elle attendait quelqu’un. Son regard mélancolique balaya, presque par habitude ce paysage qui lui était si familier. Elle vivait seule dans ce château du Limousin, en pleine campagne, loin de tout. Oh ! certes il y avait la gouvernante et les deux jardiniers mais pas de présence affective, de celle qui vous réchauffe le cœur et qui vous donne envie de faire un bout de chemin ensemble.
C’était une belle femme, élégante, la quarantaine qui avait consacré l’essentiel de son existence à restaurer son château. Une mission dont elle s’était investie pour perpétuer l’âme de ses ancêtres.
En cet instant son cœur battait fort et son impatience grandissait. Les minutes s’égrenaient, si lentes !! Elle se sentait un peu nerveuse et une petite angoisse commençait à lui tirailler le ventre.
Que d’ennui jusqu’à aujourd’hui dans ce château aux pièces immenses….Alors elle s’installait souvent devant son ordinateur, seul moyen, finalement, de contacts avec le monde extérieur. Elle pianotait, allait sur les sites de rencontres, créait des contacts virtuels, souvent décevants d’ailleurs…..Puis un jour, un nouveau contact, différent de ceux habituels……Un homme qui semblait s’intéresser à elle, lui posait des questions, un homme cultivé qui écrivait remarquablement bien avec un humour très british ! Elle commença à se confier à lui. Puis ils décidèrent de se téléphoner. Il l’écoutait attentivement sans la juger et elle se sentait en confiance. Elle n’avait plus qu’un désir le rencontrer.
Sa nervosité grandissait…Elle alluma une cigarette et se mit à faire inconsciemment les cents pas. Allait- il venir au rendez vous qu’elle lui avait fixé. L’heure approchait lorsqu’elle entendit au loin le moteur d’une voiture. Elle souleva à nouveau le rideau et vit une voiture grise franchir le lourd portail de l’entrée principale. C’était comme un espoir qui surgissait dans la grisaille de sa vie.
Vite, un léger soupçon de poudre sur son visage, la remise en ordre de ses cheveux. Elle était belle dans sa robe qui épousait parfaitement les formes de son corps…….
Daniel