Dans les années soixante
Le village de ma grand mère
On était dans les années 60. Elle vivait dans un petit village du Limousin , juste à la sortie du village, en bas de la côte qui montait à Ambazac. Elle était toujours vêtue de noir comme beaucoup de femmes de la campagne à cette époque.
Une belle région que le Limousin, une terre forestière et agricole, parsemée de jolis châteaux et baignée par des lacs tranquilles comme Baptiste ! L'automne y est magnifique offrant une explosion de couleurs encore mieux qu'un feu d'artifice.
Elle avait une belle et grande maison, difficile à entretenir pour une femme seule et âgée. Mais cela ne l'empêchait pas de cultiver son potager. Un jardin en espaliers pas facile à cultiver......Une vie un peu rude, voir austère comme l'était cette arrière grand mère, un peu sévère.
Bref ! Dans cette grande maison……moi j'avais peur, peur des fantômes, des bruits bizarres, du hululement de la chouette dans la nuit, du grenier dans lequel trônait un vieux mannequin qu'on utilisait pour faire des robes. J'avais l'impression qu'il était vivant et qu'il allait parler !!
Pas d'eau courante, pas de toilettes. Comme dans la chanson de Francis Cabrel, on allait dans la cabane au fond du jardin. Quant à l'eau un vrai sport pour en avoir !! Le vieux lavoir en béton était alimenté par une eau de source qui coulait d’une rigole, laquelle traversait un grand pré pour aller de sa source au lavoir. Des vaches paissaient dans ce grand pré et malheur si l’une d’entre elles mettait son sabot dans la rigole. L’écoulement ne se faisait plus….. Alors on prenait une binette, allait dans ce fameux pré et suivait la rigole pour détecter l’endroit où l’eau ne pouvait plus s’écouler. Deux ou trois coup de binette et …Hop…..L’eau repartait !!
Impensable de nos jours. Quand je raconte cela à mes petits enfants, il me regarde avec des yeux étonnés. Je ne leur ai pas encore dit, qu’en été, on sortait une grande lessiveuse dans le jardin et qu’on me mettait dedans pour me laver. Mais peut être ne savent-ils pas ce qu’est une lessiveuse !!
C’était la vie à la campagne, une vie rythmée par les saisons, une vie rythmée par les taches ménagères, un brin taciturne, animée par les veillées chez la voisine. On papotait, on tricotait devant la grande cheminée dans laquelle crépitaient de grosses bûches. Une crémaillère scellée au plafond soutenait une marmite juste au dessus des flammes. La soupe chauffait doucement…..
Elle se donnait bien du mal, ma grand-mère. Pas beaucoup d’argent, un potager à cultiver, des conserves à faire ( Hum !!Ses cornichons !!), aller au lavoir une fois par semaine et ramasser les bouses de vaches qui séchaient sur la route pour faire du feu avec.
Tout cela est bien loin. C’était une autre époque et il y a bien longtemps que ma grand-mère est partie ….