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Les voies de l'âme
1 février 2011

Talleyrand

 

Le 7 octobre 2007, je diffusais sur mon ancien blog « Les Trois Mondes »un texte de Sogyal Rinpoché extrait du »Livre Tibétain de la Vie et de la Mort » et qui m’avait bien plu. Ce livre est un grand classique de la littérature spirituelle. Paru en 1993, il a  été traduit en 29 langues et vendu à plus de 2 millions d’exemplaires dans 56 pays. A l'époque j'étais loin de me douter que ce texte allait susciter beaucoup de commentaires dont la plupart très critiques à l'égard de ce personnage.
Ce texte diffusé m’a, en effet, valu 500 commentaires
où se sont  affrontés allègrement les partisans et adversaires déclarés de cette personnalité tibétaine. Ce dont je suis au moins sûr, c'est qu'il s'agit de quelqu'un de très controversé. Des propos assez durs ont été prononcés à son encontre.
Alors comme beaucoup je m'interroge et me dis qu'il n'y a jamais de fumée sans feu. Je suis toujours étonné que l'on puisse faire une confiance aveugle à des personnages qui se comportent d'une façon étrange. Garder ses distances et sa lucidité me paraissent la sagesse même.

Je peux concevoir que dans chaque être, y compris chez des maîtres spirituels, il puisse y avoir des failles psychologiques, des faiblesses. Après tout ce sont des humains comme tout le monde. Ce dont j'ai le plus du mal à comprendre, c'est cette sorte d'aliénation que certains s'imposent à travers des discours, des cérémonies, des rites et obligations en tout genre émanant de ces personnages. Le pouvoir et la puissance ne sont pas loin.

Au contraire, apprenons à être libre, à comprendre par nous même. Nous devons être les alchimistes de notre propre vie.   
Un commentaire est arrivé le 25 janvier 2011 sur mon ancien blog, témoignage à nouveau édifiant concernant les déviances du personnage. Le voici dans sa totalité


"Que tous les êtres soient à jamais libres de la souffrance et de la cause de la souffrance, et notamment ceux qui ont eu, ont ou pourraient avoir Sogyal Rinpoché comme lama.
L’ayant suivi pendant 10 ans, dont de longs séjours à Lerab Ling, l’observation de son comportement a fini par me faire douter de son authenticité. C’était il y a deux ans. J’ai alors cherché et trouvé un véritable lama.
budha16Celui-ci m’a fait comprendre :
- Qu’il est possible de donner des enseignements bien supérieurs à ceux de Sogyal, tout en ayant un comportement en parfaite cohérence.
- Qu’il est plus important de traduire les textes du Dharma que de construire un temple tibétain, mégalo et bling-bling, au cœur des Cévennes. Quelques thangkas suffisent à créer le temple extérieur.
- Qu’il n’est pas nécessaire de rabâcher en tibétain et sanskrit d’interminables sadhanas, à vitesse supersonique et sans même en disposer d’une traduction. On peut en pratiquer en prenant le temps d’en comprendre le sens et de les intégrer.
- Qu’il y a une différence entre dévotion et culte de la personnalité. On n’est pas obligé de débiter en fin de tsok 40 pages de prières de longue vie à la gloire du lama.
- Qu’il y a une différence entre dévotion et foi aveugle. C’est cette dernière qu’illustre Sogyal dans ses perpétuels rappels de l’anecdote de la dent de chien.
- Que la dévotion ne se décrète pas, qu’elle naît et se développe à mesure que le lama gagne, par son comportement, notre confiance.
- Qu’on n’a pas besoin d’attendre des heures, voire des jours, avant qu’il daigne se montrer.
- Qu’il n’est pas obligé de repartir en voiture immédiatement après les enseignements, qu’il peut se rendre disponible pour ses disciples pendant toute la pause de midi ou en soirée.
- Qu’un lama n’est pas obligé d’avoir des caprices de diva, qu’il peut aussi aller manger avec ses disciples et prendre lui-même son plateau après avoir attendu que ceux-ci se soient servis.
- Qu’il y a des lamas qui ont une grande activité de compassion sur le terrain, dépassant de très loin Dzogchen Beara et ses 7 lits… payants.
- Qu’ils maîtrisent leur esprit et n’ont pas de sautes d’humeur et donc n’ont pas besoin de justifier leur attitude par une soi-disant folle sagesse.
- Qu’un lama n’a pas forcément besoin que de petites pépés lui réajustent son châle ou lui retirent ses chaussures (pour ne parler que de la partie visible de l’iceberg).
- Qu’il peut se passer d’émettre en public des diatribes contre un de ses disciples ou des clichés et préjugés sur tous les représentants d’un pays.
- Qu’il peut se dispenser de gifler un disciple et de lui secouer la tête en le saisissant par les cheveux.
- Qu’un sangha ne doit pas copier l’organisation pyramidale d’une secte.
- Que la stabilité et la sérénité peuvent y régner, et le stress en être absent.
- Qu’un sangha n’est pas une pompe à fric et à bonnes volontés, que le prix des retraites et des supports, par exemple, peut y être nettement plus réduit qu’à rigpa.
buddha9Donc, ceux qui ont suivi Sogyal et l’ont quitté, ils sont nombreux, n’abandonnez pas le Dharma et cherchez d’autres maîtres. N’abandonnez pas. Il suffit de chercher un peu. N’abandonnez pas. Pourquoi rendre indirectement hommage à Sogyal en pensant qu’il ne peut y avoir de lama en dehors de lui, et être piégé pas votre égo en croyant que vous pouvez vous en sortir tout seul ?
Ceux qui n’ont découvert Sogyal que récemment, examinez. Rappelez-vous que tout ce qui brille n’est pas or et grattez pour voir s’il ne s’agit pas simplement de dorure à la feuille. Demandez-vous quelles sont les qualités d’un lama authentique et examinez si Sogyal les possède. Recherchez quelles sont les caractéristiques d’une secte et vérifiez si elles ne s’appliquent pas à rigpa et à son fonctionnement. Ne restez pas à un niveau superficiel. Si ce n’est pas encore évident, reposez-vous ces questions régulièrement par la suite. Examinez en profondeur. Examinez encore. Ne vous engagez surtout pas avant d’avoir observé d’autres lamas, d’autres sanghas.
Ceux qui suivent encore Sogyal, réveillez-vous. Demandez-vous comment on passe de millions de lecteurs du LTVM à quelques milliers d’étudiants dans l’ensemble des sanghas nationaux. Quel gâchis ! Demandez-vous pourquoi presque tous les anciens sont partis et osez leur demander. Réveillez-vous. Si, malgré tout, vous avez l’impression que Sogyal vous a fait progresser en compassion et en sagesse, demandez-vous si la progression n’aurait pas été plus rapide, moins coûteuse et moins douloureuse avec un autre lama.
Il n’est certes pas facile de reconnaître qu’on s’est trompé pendant des années, qu’on a sacrifié famille, amis, boulot, temps et argent. Il faut du courage. Mais si vous n’avez pas ce courage, vous risquez de souffrir, beaucoup et inutilement, en continuant à suivre un guide douteux.
boudhaBien sûr vous pouvez avoir d’autres perceptions. Quelqu’un d’aussi remarquable que Pema Chödrön parle toujours avec dévotion de son défunt maître, le pourtant très controversé Chögyam Trungpa. Il n’est donc pas surprenant que pour certains Sogyal soit un imposteur, alors que d’autres le suivent aveuglément, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse.
Entre ces deux extrêmes, je choisis la voie du milieu et pense que Sogyal est lama comme Talleyrand était évêque. Dans une société féodale où spirituel et temporel se confondent, Sogyal Lakar, est le rejeton de l’une des plus riches familles du Tibet. Après le remariage de sa mère, il est élevé par sa tante elle-même épouse d’un grand lama. Il est reconnu 14 fois, par respect pour ce dernier mais aussi pour que des monastères puissent bénéficier de la générosité familiale. Après l’exil en Inde et la ruine, il ne lui restait plus que sa connaissance du Dharma. Depuis c’est ce qu’il vend.

Aussi longtemps qu’existera l’espace,
Aussi longtemps qu’il y aura des êtres,
Puissé-je, moi aussi, demeurer,
Pour dissiper la douleur du monde.

 

Luc

Commentaires
D
C'est tout à fait involontairement que j'ai suscité un vaste mouvement à l'encontre de Sogyal Rinpoché.<br /> j'avais cité sur mon blog un extrait du livre tibétain de la vie et de la mort qui m'avait bien plu. Je regrette que tout cela reste confidentiel et que des tabous empêchent pleinement les gens de s'exprimer sur certaines déviances. Un journaliste d'un hebdomadaire français avait démarrer une enquête sur le sujet mais sa direction l'a stoppée. Le chemin spirituel est semé d'embuches. Peut être est ce nécessaire afin d'ouvrir encore plus les yeux.
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Y
Volontairement ou non Daniel Genty aura rendu un fier service à la communauté bouddhiste et à la recherche spirituelle. Sans accuser, il aura permis de démasquer un certain nombre de déviances chez les gourous et de mettre en garde les étudiants. Il faut aussi rendre hommage à Pema pour son travail obstiné d’investigation et à des sites comme www.dharmix.com ou www.earthbook.tv/religion pour leur éclairage indépendant. <br /> <br /> Pour ce qui est de Sogyal, les langues qui étaient jusque-là nouées par la honte, la menace ou la simple crainte du ridicule sont maintenant libérées, mais ne versons pas dans l’excès inverse. La vengeance ne résoudra rien. Même si ce qui a été révélé jusqu'ici avec une extrême pudeur, est la partie émergée de l'iceberg, il n'est pas nécessaire d'enfoncer l'accusé. Son double discours, sa double vie, ses doubles comportements sont ceux de tous les hommes d'affaire et de tous les hommes politiques. Ils font leur job d’hommes d’affaire et d’hommes politique. Prenons-les comme tels et passons notre chemin. Sogyal a été envoyé en Europe pour saisir un créneau. Il s'est enrichi, sa famille s’est enrichie ... tel était son karma, mais tel était le nôtre également de l'avoir cautionné aveuglément. Rendons-lui cette justice qu’il était là parce que nous en avions besoin. La compassion qu'il n'a pas eue pour ses jeunes victimes, nous pouvons la lui manifester comme nous l'avions fait pour d'autres malades de l'histoire. Ils sont à plaindre. <br /> <br /> Les victimes auront sans doute à s’organiser pour rechercher réparation. C’est de leur domaine privé. Par contre, on peut s’interroger sur la motivation de ceux qui entourent Sogyal, qui savent, qui écrivent pour lui (ex : le Livre tibétain de la Vie et de la Mort) qui font semblant d’ignorer les faits et continuent de recruter en connaissance de cause. Ceux-là sont inquiétants. Pensent-ils à leur carrière de futurs gourous ou aux fonds de commerce ? Il ne faut pas baisser la garde car la suite est assurée. <br /> <br /> Enfin, après toutes ces années dans la « boîte » (Rigpa) je constate – certes un peu tardivement – que beaucoup ont trouvé là une certaine forme de masochisme nécessaire au fonctionnement de leur ego. Comme le suggère l’interlocutrice précédente, Marie-Christine, le masochisme sous couvert de recherche spirituelle constitue une sorte d’idéal pour se donner l’impression d’exister. Là aussi ne baissons pas la garde.
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X
Certains maîtres de retour, tel que Kalou Rinpoché ou Karmapa semblent parfois très courroucés. Le Dalaï-Lama a évoqué lors d'une conférence à Delhi, money money en palpant le tout avec ses doigts et ses grimaces. Puis il a parlé de la suspicion; poison subtil...<br /> J'aime beaucoup tout ce qui se dit ici ! Merci
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E
" Aimez et adorez l'Eternel de tout votre coeur.<br /> Chérissez et servez votre prochain en lui faisant tout le bien dont vous êtes capables.<br /> Consultez votre conscience dans toutes vos actions " <br /> <br /> ???<br /> <br /> Ben zut! Alors...<br /> J'ai perdu la source.
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M
"UN ENSEIGNEMENT EST TOUJOURS THEORIQUE . <br /> S'IL N'EST PAS APPLIQUE A SOI-MEME, IL NE PEUT ETRE VALABLEMENT TRANSMIS ."
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A
"Ne pas se fier à la personnalité du Maître mais à son message (doctrine ou enseignement)".<br /> Des quatre objets de confiance, celui-ci est le premier.<br /> J'ai été étudiant pratiquant de SR de 2003 à 2006, participant aux retraites à Lérabling, aux enseignements à Paris, Montpellier et hebdomadairement à Lyon.<br /> Je ne me suis jamais attaché au Maître car ce n'est pas nécessaire. Une petite voix me disait que le rituel n'était pas fait pour moi, que seuls la méditation de la nature de l'esprit et l'enseignement du Bouddha pouvaient participer à mon évolution spirituelle.<br /> Je confirme que SR, par son livre (même s'il a été co-écrit avec Patrick Gafnée) et ses enseignements, a ouvert une brèche en mon esprit qui m'a permis de trouver bon nombre de réponses aux questions existentielles que je me posais depuis longtemps.<br /> Rapidement, j'ai senti que l'homme n'était pas en harmonie avec les enseignements qu'il prodiguait. Peu m'importait puisque ce qu'il enseignait ne venait pas de sa Sagesse mais de celle du Bouddha et cela, personne ne peut le nier.<br /> Je n'ai jamais participé aux enseignements du Ngöndro ou aux retraites d'été du Vajrayana parce qu'une intuition soufflait comme un vent désagréable.<br /> J'ai donc fait de la stagnation et j'ai continué à étudier en solitaire.<br /> J'ai assisté au séminaire du Dalaï-lama à Paris Bercy en octobre 2003 puis j'ai lu tous les livres de Trungpa... encore aujourd'hui à travers Fabrice Midal.<br /> En février 2009, sur le blog des Trois Mondes, j'ai appris ce que vous savez. J'ai enquêté et aujourd'hui encore, j'attends la sortie du livre de Péma, qui a connu SR depuis ses études londoniennes et qui recueille des témoignages terrifiants de jeunes femmes atteintes jusque dans leur substance la plus sacrée.<br /> <br /> Luc, Bouddha ne vous oblige pas à prendre un Maître bouddhiste.<br /> La Pensée et la Parole sont Universelles.<br /> Vous trouverez des messages d'Amour partout et particulièrement depuis le début de cette année 2011.<br /> Il y a des Êtres lumineux dans toutes les directions et la Lumière est en vous, aussi pure que son reflet dans le cristal.<br /> Je ne pense pas que vous vous soyez trompé. Sans doute la leçon à tirer émane bien du premier objet de confiance et combien de fois ais-je entendu SR le dire et le dire. Vous n'avez peut-être pas écouté et il faut faire attention ; si un Lama juge l'un des siens, il se juge lui-même.<br /> J'ai moi-même fait l'erreur de juger SR, avant de comprendre qu'il était un homme comme tout le monde et la compassion m'est venue et je l'ai là, encore, tout au fond de moi parce que comme tout homme, SR a des qualités. Cependant, il a fait du mal à autrui et nul ne peut atteindre autrui par le mal, car immédiatement, ce mal foudroie celui qui le répand et non pas celui qui le reçoit, sauf si, comme le dit Marie-Christine, une certaine complicité existe entre celui qui frappe et celui qui subit.<br /> <br /> Je souhaite que vous vous épanouissiez maintenant dans une Ouverture Universelle. Le monde a besoin d'êtres sincères qui ne se cachent pas. <br /> Cette année est décisive pour les révélations et les ouvertures.<br /> Tous les hommes sont frères, nés du même Père, non séparés.
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M
Tout à fait d'accord avec toi, Daniel : "garder ses distances et sa lucidité" .<br /> Mais apparemment, le masochisme est aussi courant que le sadisme ...
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