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Les voies de l'âme
6 janvier 2011

La Grande Equanimité


 Ce texte, écrit par Alain, fait suite à une réflexion de Marie-Christine diffusée sur le blog , le 4/12/2101 et intitulée « Ni M, ni N ».

franz_mackat
Les cinq sens. Série de peintures de Hans Makart

Cela me rappelle ce moment de vie inoubliable où nous étions à table, l’un de ces dimanches traditionnels en famille, ma mère nous ayant préparé le repas dominical.
Du gigot d’agneau, des pommes de terre sautées, de fins haricots verts, des petits pois et quelques jeunes carottes, l’ensemble beurré à souhait. Mon père était un artiste du découpage. L’homme faisait ici son œuvre et nous le regardions faire, emplis du fumet et gardions le silence, religieusement.

Lorsque les assiettes furent remplies, j’observais que les conversations allaient bon train, alors que nous mangions. Comme souvent, je me taisais, préférant me délecter, ma mère étant une cuisinière hors pair. Je l’honorais… quelque part.

J’avais toujours un œil sur mon frère aîné, aveugle, qui mangeait sans se soucier de sa cécité, ni trop de son assiette, tout en bavardant, insatiable en tous domaines… et régulièrement, sans qu’il le sache, je ramenais avec ma cuillère les aliments éparpillés au centre de celle-ci pour qu’il mangeât plus facilement.

Mon père régnait avec simplicité et autorité, ma mère servait avec son amour et nous, les enfants, étions distraits par nos complicités où l’humour prenait la place.
Ces moments de famille, ils sont là, ancrés en moi comme les instants les plus stables de ma vie.
Puis, avant le dessert, ma mère apporta le fromage et ce jour-là, entre autres, il y avait un camembert, un peu comme ceux qui en leur temps, étaient acheminés hebdomadairement par train pour mon grand père, avec pour chacun une étiquette sur laquelle était inscrite le jour de sa consommation… bref, un camembert fait au plus que parfait, avec tout l’arôme qui semblait indissociable de sa forme, une sorte d’émanation

Mon frère, subrepticement, étendit son corps bien droit et s’exclama :« C’est toi Louise ?! »
Un immense éclat de rire général l’ambiance déjà subtile et les larmes coulèrent en même temps.
Je me souviens que, lorsque le fou rire surgit, le mal de ventre est si intense, alors qu’aucun n’en est soustrait, il arrive un instant où soit nous mourons, soit nous revenons en scène.
Ces moments de vie sont tellement magnifiques qu’aucun de la tablée n’en put s’en dissocier pour le restant de sa vie.

Aujourd’hui, chaque fois qu’à la maison, nous dégustons un fromage excellent, je n’oublie jamais de dire à l’assistance : « C’est toi Louise ? »

 

Bien, ceci étant, nos cinq sens nous dirigent. Ils sont les premières instances naturelles de conscience avant que la conscience mentale émerge, celle où l’humour surgit, tel un enseignement. C’est effectivement après que cela se gâte, lorsque nous dénaturons l’expérience par ces deux principes de la dualité : « J’aime ou… j’aime pas »
De là à dire que chacun ne devrait pas avoir ses préférences ou ses dégoûts n’est pas correct.

De sa plus tendre enfance, jusque dans la matrice, le bébé rejette ou ne rejette pas. Je le sais puisque ma fille a fait d’emblée une anorexie sélective.

Certes, au-delà du problème de société, il y a aussi une problématique d’éducation.
Cependant, même chez les animaux, on découvre par l’observation qu’ils sont uniques et qu’eux aussi, ils ont des préférences et des dégoûts, ne serait-ce que dans la nourriture.
Transcender cela est une pratique. Elle a pour but de redonner à l’être sa condition primordiale, originelle où toutes les manifestations sont vécues en une seule saveur, un goût unique.
Cela s’appelle l’équanimité.

Y’a du boulot !

 

Alain

Commentaires
A
C'est prévu mais je n'ai pas encore écrit le scénario.<br /> Cela viendra en son temps si ma jeunesse m'emporte au large.<br /> Equanimité n'est pas un mot inscrit dans le dictionnaire.<br /> Il signifie en fait "le TOUT UNIFIE".<br /> <br /> Mamydou, je vais vous faire une proposition :<br /> En l'an 2101, un dimanche, vers midi, je vous invite en un Lieu secret, assis tous deux face à face et accoudés sur l'une des plus belles tables nappée de broderie incrustée de diamants, et, les yeux dans les yeux, avec nos sourires d'enfants, nous dégusterions un camembert et boirions un vin tous deux divins. Nous mangerions le pain.<br /> <br /> Qu'en dites-vous, chère Mamydou ?
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M
Cette tranche de vie familiale est un vrai plaisir, une fête pour tous ! Pour quand le<br /> premier roman ? <br /> Mais je n'aime pas le mot équanimité, je <br /> préfère le camembert (avec du bon vin !). <br /> <br /> On s'est promené en 2101.. ça stimule les neurones des Prédictions ! <br /> <br /> Bisous, Mamydou
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P
Merci de votre éclairage.
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A
Oui
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I
Si je peux me permettre je vais vous apporter mon point de vue sur l'équanimité (avec toutes mes fautes).<br /> <br /> Je dirai que l'équanimité c'est accueillir tout d'un amour égal, tant ce qui vient de l'extérieur que ce qui vient de l'intérieur (émotions négatives ou positives).<br /> D'un amour et d'une compassion, dit-on, égal à celui d'une mère pour son enfant.<br /> C'est cet amour qui transcende tout d'une maniére équanime. <br /> Cette compassion voit la même essence sacrée en chaque être, chaque choses.<br /> Cette compassion voit le lien karmique qui conduit les êtres à souffrir à travers leurs<br /> actes.<br /> Cette compassion est la paix de l'esprit.<br /> On ne peut l'éprouver sans s'y établir.<br /> Cet amour est inaltérable. Il accueille tout sans forcément approuver ou rejeter.<br /> Nous ne devenons pas insensible à notre destin mais nous devenons maitre de notre destin. Les liens karmiques qui nous lient a nos souffrances se défont et la lumiére èmerge.<br /> <br /> Rares sont les êtres qui parvienent à l'équanimité<br /> mais c'est possible, je le crois fermement !
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M
tout simplement et sans discussions, <br /> <br /> Les contes de Mamydou, <br /> <br /> <br /> UN ARBRE TOUT ROND, TOUT VERT<br /> <br /> <br /> Il était une fois un arbre, tout rond , tout vert, avec un tronc rugueux et des racines profondes dans la terre.<br /> Il aime le soleil, le vent qui fait chanter son feuillage et les oiseaux qui viennent dans ses branches faire leur nid.<br /> Il adore aussi les gouttes de pluie qui dégoulinent lentement sur lui.<br /> Il pousse dans un pré vert et fait de l’ombre aux champignons<br /> Un jour, ses racines s’impatientent d’être toujours dans la terre. Elles ont envie, tout à coup, de voir le soleil.<br /> Les feuilles, à leur tour, veulent savoir ce qui se passe sous la terre !<br /> Alors l’arbre , tout rond, tout vert, s’agite d’en bas, d’en haut, mécontent d’être si fort planté dans la terre.<br /> Après tout, il faut avoir pitié des racines qui ne connaissent, ni le ciel, ni les étoiles ! Et, si les feuilles ont envie de rentrer sous la terre, ma foi, c’est bien leur affaire.<br /> Le vent a tout compris … il hurle si fort dans le pré vert, que d’un seul coup, l’arbre tout rond se retourne à l’envers…. Les feuilles hument les bonnes odeurs de la terre. Les racines toutes blanches s’enroulent autour des rayons du soleil. Le tronc rugueux, toujours le même, se sent tout barbouillé de la sève qui descend vers la terre.<br /> Le petits oiseaux affolés, vite, vite … ont tout déménagé !<br /> C’est drôle, cet arbre , tout rond, tout vert, avec toutes ses racines en l’air et ses feuilles répandues sur la terre. A vrai dire, il commence, notre arbre, à se sentir bien mal à l’aise !<br /> Ses racines se recroquevillent dans la chaleur du soleil , ses feuilles jaunissent doucement dans l’herbe du pré vert.<br /> Les champignons en ont perdu la tête.<br /> L’arbre, tout rond, tout vert, n’est plus qu’un tronc rugueux, toujours le même….<br /> Il a des cheveux bizarres et aussi un petit tas de feuilles qui pourrissent, à son pied, sur la terre.<br /> Un oiseau curieux écarquille les yeux. Il chante le petit oiseau ! Il chante la triste chanson d’un arbre tout rond , tout vert, qui voulait faire mieux que la Nature Mère.<br /> Le ciel est toujours bleu, la prairie encore verte, l’arbre n’est plus qu’un tronc mort, planté là, sur la terre.<br /> Cette histoire est bien triste !<br /> Je crois savoir qu’au printemps prochain, au même endroit, on pourrait voir beaucoup de petits arbres, tout ronds, tout verts.<br /> Car, avant de mourir, notre arbre, tout rond, tout vert, a semé toutes ses graines dans la terre.<br /> <br /> <br /> Marie Jeanne EDEL
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P
Mais que vous arrive-t'il Alain ?<br /> De vous, je n'ai jamais lu en 2010, une prose si agréable ...<br /> Qu'il est doux de communier avec vous cher Alain sur ce merveilleux souvenir d'enfant !<br /> Toute proportion gardée, je crois me reconnaître.<br /> Ces fou-rires de la tablée familiale, vers 1970, tous les sept.<br /> A taquiner notre père !<br /> A admirer le geste culinaire de notre mère !<br /> A raconter un tas de choses plus ou moins intéressantes !<br /> <br /> On dit qu'un garçon se remémore toujours avec délice (avec nostalgie ?) les petits plats de sa maman ...<br /> Au risque parfois de blesser son épouse.<br /> <br /> Où sont passés les camemberts d'antan ?<br /> Ceux dont la couleur et l'odeur unique prouvaient qu'ils n'étaient pas dénaturés par les excessives normes d'hygiène.<br /> Maintenant, il faut viser les produits dits "du terroir". Ca fait peur d'ailleurs, car un produit qui n'a pas cette appellation, on peut se demander d'où il sort ?<br /> De chez Auchan bien sûr, sous un emballage plastique étanche (qui va encombrer nos décharges) et avec sa fameuse DLC (date limite de consommation.)<br /> <br /> C'est quand le "bon temps" ?<br /> Hier ? Demain ?<br /> Non, c'est aujourd'hui.
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P
Equanimité : si j'ai bien compris ...<br /> <br /> Ce serait en quelque sorte devenir insensible au destin.<br /> Accueillir d'une humeur égale tout ce qui nous arrive.<br /> En effet les évènements positifs ou négatifs de notre vie ont parfois de lourdes conséquences sur notre comportement.
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P
Le 4/12/2101 ?<br /> Cet Alain, il est vraiment équanime ...
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