Si Versailles m'était conté .......
Nous sommes au mois d’août 1901. Deux anglaises, Miss Moberly, directrice d’un collège féminin à Oxford et Miss Jourdain, ancienne élève, décident de se rendre en France. Lors de leur séjour elles se rendent à Versailles pour visiter le domaine qu’elles ne connaissent que très vaguement. C’est une belle journée du mois d’août.
Les deux amies entreprennent leur visite en commençant par le chateau. La journée se passe sans encombre, les jeunes femmes sont ravies de leur visite et décident même de poursuivre leur découverte du domaine en se rendant au petit Trianon. Le temps est agréable et la promenade très plaisante, rien ne semble pouvoir troubler la tranquillité de cette journée ordinaire.
Elles s'égarent et s'aventurent dans le parc. Le temps se couvre et le ciel leur donne alors une impression quasi-surnaturelle. Perdue dans le parc, les deux touristes s'étonnent de la tenue de jardiniers vus au bord du chemin: malgré l'été, ils portent un long manteau et un tricorne. Puis, elles aperçoivent une jeune fille et sans doute sa maman en costumes d'époques.
S'aventurant de plus en plus dans le parc, leur visite prend un aspect beaucoup moins bucolique: Charlotte et Eleanor croisent le regard menaçant d'un homme, assis au bord d’un kiosque chinois, lui aussi en vêtements d'époque, mais dont le visage est vérolé. Un homme en cape, qualifié de grand, beau, aux cheveux bouclés sous un chapeau leur indique alors la direction: il faut aller vers cette maison dont les volets sont fermés en pleine journée, située au bout du chemin. Sur la pelouse, une femme, qui dessinait paisiblement en robe et en chapeau blanc, relève la tête. Les deux femmes se sentent prises d'un malaise. Rapidement, un homme intervient, et leur indique la voie pour retrouver leur chemin.
Quelques pas plus loin, Miss Moberly aperçut une femme assise, plutôt jolie, en train de dessiner. Elle portait un chapeau blanc et était vêtue d’une robe légère, assez démodée et peu commune. Un nouveau sentiment étrange parcourut Miss Moberly en la regardant. Le sentiment d’oppression et de placidité qui imprégnait les lieux, ternirent l’enthousiasme des deux anglaises qui rentrèrent à Paris troublées par cette expérience.
Quelques heures plus tard, elles évoquent leur étrange visite et font part de leurs sensations si étranges. Et pourtant, non, il n'y avait pas de reconstitution historique ce jour-là. Mais la rumeur court depuis des siècles: le fantôme de Marie-Antoinette se promène dans les allées arborées versaillaises. Après des recherches angoissées et des visites plus tranquilles cette fois, ce rêve si étrange prend forme: elles ont vécu un voyage dans le temps, un véritable rêve éveillé. L'un des chemins n'existent plus depuis des années, l'une des portes est condamnée depuis des lustres, l'homme au visage vérolé ressemble au comte de Vaudreuil, courtisan et la femme, assise dans l'herbe, ressemble trait pour trait à un tableau de Adolf Ulrik Wertmüller dont le sujet n'était autre que Marie-Antoinette.
Plusieurs décennies après la publication du témoignage des deux anglaises, une découverte crédite leur récit. Un plan du Trianon est découvert, indiquant qu’un pavillon chinois avait bel et bien existé en 1774. Une question se pose alors : comment Miss Moberly et Miss Jourdain auraient elles pu connaître cette information, insoupçonnée à leur époque ?