Le Soufisme
En mai 2011, j’avais diffusé un texte de Mère, la compagne de Sri Aurobindo . Un lecteur du blog, Hassan, de confession musulmane et de cheminement spirituel soufi a réagi à ce texte. Moi-même m’intéressant à la spiritualité et curieux de nature ( je n’ai pas d’ostracisme particulier concernant les courants spirituels et religieux), j’ai donc demandé à Hassan de m’expliquer en quoi consistait le soufisme et quelle était la philosophie prônée par ce courant spirituel.
Voici sa réponse, ô combien intéressante. Finalement tout se rejoint……Merci Hassan….
Soufisme ou Tassawouf est une quête spirituelle dans l'islam. C'est une voie intérieure apparue avec la révélation prophétique de l'islam, ayant pris ses racines initiales dans l'orthodoxie sunnite essentiellement, mais qui a évolué pour certains de ses courants —. Le tassawouf est par conséquent un élan de l'âme loin du théisme orthodoxe de l'islam. Son discours est contemplatif et son esthétique verbale est poétique
Décrire le soufisme est une tâche redoutable. Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu. D’autre part, par ses aspects ésotériques, il présente des pratiques secrètes, des rites d’initiation, eux aussi variables selon les maîtres.
Les soufis se sont organisés en confréries fondées par des maîtres spirituels. Chaque soufi se rattache à une « chaîne qui représente sa généalogie spirituelle, grâce à laquelle il est relié par différents intermédiaires au Prophète. À quelques exceptions près toutes les voies se rattachent traditionnellement au Prophète par l'intermédiaire d'Ali ibn Abi Talib.
La doctrine
Le soufisme est un courant ésotérique et initiatique, qui professe une doctrine affirmant que toute réalité comporte un aspect extérieur apparent (exotérique ou zahir) et un aspect intérieur caché (ésotérique ou batin). Il se caractérise par la recherche d'un état spirituel qui permet d'accéder à cette connaissance cachée par un idéal de non-attachement aux choses de ce monde et de combat intérieur contre l'ego.
Le soufi –, après avoir mené le grand combat, dépouillé de son individualité (ego) – ou plutôt l'ayant domestiquée – et délivré de toutes les visions partielles et illusoires qui y sont attachées, accède au degré recherché de connaissance de Dieu
Car l'égo est considéré comme le voile qui sépare notre Moi réel d'avec le divin.
En somme cela signifie qu'en nous résident 2 entités, 2 MOI , l'un dominant l'autre. Le travail de l'homme spirituel est de délivrer le MOI réel céleste du moi relatif terrestre qui l'emprisonne car seul ce moi dit céleste, divin, supérieur...etc.... a la capacité d'entrer en contact avec Dieu. Et son siège est le cœur.
Selon les soufis, toute existence procède de Dieu et Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin, " l’univers est l’Ombre de l’Absolu ". Percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu: " l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu.
Les moyens
Méditation, Prière, jeûne
Mais l'élément commun à tous les soufis sans exception, c'est le dhikr, qu'on pourrait traduire par « rappel »ou
« invocation »qui consiste à se remémorer Dieu notamment en répétant son nom de manière rythmée ou des formules traditionnelles tirées du Coran. Le dhikr est considéré comme une pratique purificatrice de l'âme, car on juge que le nom d'Allah ou de ses autres 99 noms et attributs possède une sorte de valeur théurgique qui agit sur l'âme. Il existe plusieurs modalités de dhikr. Cela se rapproche des mantras hindous
L'utilisation de ces dikr ( mantras) induisent des modifications d'états de conscience particuliers avec levée partielle du ou des voiles avec l'accès et vision à une autre réalité..
Ils sont propres à chacun en fonction de notre constitution psycho émotionnelle.
Biens choisis à la dose juste et ceci par un maitre confirmé qui maitrise cette science, ils permettent un développement régulier sans à coup.
C'est pourquoi il est dit que le soufisme est prescription. Comme chez un médecin votre ordonnance et remède sont le votre et pas ceux du voisin.
Pendant longtemps et encore aujourd’hui cette science n'est pas à la portée du grand public à cause de sa dangerosité entre les mains d'un non initié.
Sans rattachement initiatique, certains postulants à la recherche de pouvoirs ont pu avoir accès par quelques fuites à quelques formules et techniques qu'ils ont utilisées et qui ont entrainé pour eux mêmes des accidents plus ou moins graves.
Les soufis estiment que la clé du mystère divin est l'amour : aussi, contrairement aux tenants des doctrines rationalistes, les soufis se laissent guider par leur sentiment. Cherchant Dieu par un contact intérieur et mettant au centre de leur vie l'amour de Dieu et de l'homme, les soufis se heurtent à l'orthodoxie, qui proclame l'inaccessibilité de Dieu. On retrouve tous ces éléments dans l'approche dite supra-mentale.
La transformation psychique et spirituelle n’est qu'un moyen , qu'une étape pour ensuite redescendre dans la matière, la machine cellulaire , le mental des cellules. On passe d'un stade de transformation à celui de celui de transmutation.
J'ai connu aujourd'hui décédé un enseignant spirituel soufi qui nous a initié moi et d'autres sur base du coran ésotérique à cette étape de transmutation qui sera un jour, planétaire. En complète similitude avec l’enseignement à Auroville. Tout se rejoint donc car la vérité est UNE. Ce n'est pas un concept nouveau. D'autres dans le passé l'ont tenté.
Les égyptiens avec la barque solaire, le prophète ENOCH qui est monté au ciel transmuté dans un halo de feu-lumière, Moise avec son arche d'alliance contenant un être angélique lumineux qui avait comme fonction de transmuter un peuple entier et Jésus avec son pouvoir de ressusciter les morts et sa doctrine ( Voir évangiles apocalypse) d'une autre terre et d'autres cieux et les alchimistes avec leur pierre de transmutation physique dite philosophale ou philosophique.
«On voit que la clef charnière reste donc invariablement la transformation de l'Êgo qui peut se faire dans une structure (même informelle) ou par la vie directement comme pour Satprem*»
Dans la vie de Satprem on voit que des évènements violents traumatisants ( camp de concentration) l'ont dépouillé de son égo et de ses illusions très tôt en âge. Son égo a été mis à nu d'une manière brutale.
S'ensuivit une vie d'aventurier perdu et qui atterrit à Pondichéry.
Il était neuf et dépouillé mais enfin prêt pour la vraie aventure et le vrai travail. Je trouve important de dire et d'insister sur un point pour rassurer des nouveaux, que de mon point de vue et aussi celui de la Tradition, il n'est pas nécessaire et obligatoire de lier développement spirituel et souffrance.
Même si il y a eu des cas, ce n'est pas une règle.
Ce serait une erreur dommageable de corréler systématiquement pathos et spiritualité.
Pour les néophytes, ce serait les tromper dangereusement que de leur transmettre même involontairement « cette croyance » très véhiculée par les médias et le système.
Il faut travailler "dur", il faut "gagner sa vie", il faut "se battre",. lutter contre la cancer, lutter contre.n choses à l'infini et plus grave encore enseigner comme cela se fait en économie le concept abominable de " la guerre de tous contre tous".
Mon opinion, croyance et certitude seraient plutôt qu'il est possible de bâtir sur l'amour, la joie et la paix et non sur cette ambiance de guerre permanente. Et non sur la souffrance, la tristesse et la révolte qui en résultent.
La voie supramentale, Ok mais sans cela. Sinon, ce serait comme de donner encore de l'énergie aux forces sombres.
NB : Satprem fut un compagnon fidèle de Mère. Il vécut à Auroville et écrivit plusieurs ouvrages assez connus dans le monde de la spiritualité.