Quand je travaillais( suite du texte du 10/11/2013)
En 1987, un poste plus important m'est proposé au siège du groupe. Séduit par cette opportunité, j'accepte. J'étais loin de me douter de ce qui allait m'attendre. Désormais je travaille à Paris, porte d'Auteuil, bd de Montmorency, face au champ de course de Longchamp. J'intègre la Direction des ressources humaines du groupe EADS( à l'époque Aérospatiale). J'ai un beau bureau, au 5e étage de l'immeuble du groupe avec une vue magnifique sur la Seine et la tour Eiffel. Les levers et couchers de soleil y sont splendides. J'ai une place de parking personnelle. Seule ombre au tableau: le trajet car j'habite à 25 km de Paris sur l'axe très encombré de l'autoroute A6. Je me lève à 6 h, prends un bol de café et saute dans ma voiture. A 10mn près je suis confronté aux embouteillages.
Je suis en charge de la coordination de la gestion des carrières et de la mobilité de tout le personnel du groupe( 30 000 personnes). La vie semble belle.....Enfin pas pour longtemps. Je découvre très vite l'ambiance spéciale qui peut régner dans une direction générale. Les grandes directions se font la guerre et les directeurs pensent plus à leur propre carrière qu'aux intérêts collectifs du groupe. Comme en politique, en quelque sorte. Il faut peser ses mots , faire attention à son comportement. Les rumeurs et les bruits de couloir vont bon train. Des réseaux occultes ont des pouvoirs, notamment les francs maçons qui tirent certaines ficelles. L'état met son nez dans la gestion du groupe, imposant parfois des grands commis d'état tels que les contrôleurs généraux. Maîtres mots: la stratégie, la souplesse, pas de vagues.
Et puis un nouveau patron arrive et là , ça se gâte pour moi. Mise au placard pour avoir contesté un axe de développement des ressources humaines( l'évaluation des personnels). Toutes mes activités me sont retirées et tout le monde m'ignore comme si j'étais devenu un pestiféré. Période très dure à vivre. Je somatise, je suis malade mais continue à aller au bureau. Plusieurs mois passent et tout change à nouveau. Un nouveau PDG arrive: Louis Gallois, un homme remarquable. On me propose un nouveau poste à la communication interne du groupe. Je renais et vais passer 5 ans à exercer un travail qui me plaît. Je coordonne un réseau de 20 communicants répartis dans les établissement du groupe et je réalise un journal mensuel diffusé aux 30 000 employés. Je dirige une petite équipe et travaille avec des journalistes professionnels dont un qui m'a beaucoup aidé. Je lui en suis très reconnaissant. Nous voyageons beaucoup pour faire des reportages. Nous sommes souvent en province sur les chaînes de montages, dans les bureaux d'études, chez les directeurs ou les ouvriers. Nous voyageons aussi à l'étranger, notamment en Allemagne. Nous interviewons, rédigeons les articles, préparons la mise en page du journal et en assurons la diffusion. Un vrai travail artisanal qui m'intéresse beaucoup. Je découvre la presse et ses contraintes. Louis Gallois nous fait confiance et nous avons une grande liberté. Puis changement de cap à nouveau. Louis Gallois quitte le groupe pour prendre la présidence de la SNCF et le gouvernement Jospin, Strauss Kahn en particulier, décide de fonder l'Europe aéronautique. C'est l'heure des fusions, des rapprochements. Une autre culture se met en place, plus financière, plus internationale. Les anciens dirigeants du groupe cèdent progressivement la place. Pour moi, il est temps de tourner la page. J'ai 59 ans. Je bénéficie d'un départ anticipé et touche un gros chèque. Le 30 juin, je ferme mon bureau et pars en vacances. Je ne reviendrais plus Boulevard de Montmorency et je coupe définitivement tout lien, sans regret. Je passe à autre chose. Un autre vie commence aussi pleine et mouvementée........
Le travail m'a un peu rattrapé lors de l'affaire Clearstream et Villepin car j'ai connu certains des acteurs de cette histoire rocambolesque.
Daniel