Le temps venait de s'arrêter
La vieille horloge comtoise de la salle à manger venait de
sonner 14 h et le balancier, de son bruit caractéristique, toc….toc, rythmait le
silence qui régnait dans les pièces du pavillon. C’était un pavillon de la
banlieue nord de Paris, un pavillon d’un autre âge, un brin désuet avec un
petit perron qui permettait d’accéder à la porte d’entrée. Le jardin était à
l’abandon et les herbes folles dévoraient le terrain. Un lierre s’accrochait
désespérément au mur et partait à l’assaut de la maison.
Sur le bahut de la salle à manger, quelques photos dans un
cadre : deux enfants en train de jouer dans le sable, au bord de la mer, un couple se tenant tendrement par
la main, le portrait d’un homme en uniforme de poilu, un fusil à la main. Tout
était immobile, comme figé. La vie était
suspendue à cet instant particulier où
rien ne se passait.
Le chat s’était endormi sur son coussin et avait mis sa
patte sur son museau comme pour se protéger du monde extérieur. La vieille dame
était assise dans son fauteuil en sky, la nuque rejetée en arrière, la bouche
ouverte. Elle avait mis sa vieille blouse grise qu’elle portait tous les jours
de la semaine, sauf le dimanche. Son
visage, bien que buriné par le poids des ans, semblait serein. Ses mains
décharnées, posées sur les genoux, tenaient des aiguilles à tricoter et un
début d’ouvrage en laine.
C’était l’heure de la sieste et le temps venait de
s’arrêter………
Daniel