Avant
Un joli poème de Marie Christine sur le temps qui passe.....
C'était les vers luisants
Brillant le soir le long des chênes
En rentrant de la fête foraine ;
C'était les lourds seaux de charbon
Les boulets ronds comme du savon
Que ma grand-mère au visage grave
Remontait vaillamment de la cave ;
C'était les joies trop prolongées
Par les jeux d'hivers enneigés,
Les pieds gelés dans le fourneau,
Le cataplasme et le sirop ;
Il y avait le bain complet,
L'eau fumante dans le baquet,
Les beaux habits du dimanche,
Chaussures noires et soquettes blanches ;
C'était la bonne odeur de café
Qui embaumait la maisonnée,
Le moulin coloré sur le mur
Grésillait bruyamment sa mouture ;
C'était les mornes veuves de guerre
Vêtues de noir et de misère
Hâtant le pas, tête baissée
Par tant de peines accablées ;
C'était les éclopés, mutilés des combats
A qui il manquait une jambe, un bras,
C'était les orphelins de la nation,
Résidus de la Déraison ;
C'était le chiffonnier, le rémouleur,
Le cordonnier, le ferrailleur,
La fileuse de laine aux cheveux blancs,
Assise dehors, quenouille au vent ;
C'était l'aveugle coupeur de bois
Qui avait gardé tous ses doigts,
Mystérieuse dextérité
D'un homme qui voit les yeux fermés !
C'était la "fille-mère"
Jugée d'un oeil sévère,
Ou la femme divorcée
Paria de la société ;
C'était les réfugiés
Ritals, Espagnols, Polonais,
Les Algériens nommés "bicots",
Tel était leur pseudo ;
C'était la messe et le caté
Eventuellement buissonniers,
Les 10 péchés obligatoires
Pour éviter le purgatoire,
A noter sur un papier,
Récités à monsieur le curé
Dans le secret de la confession,
Passeport obligé pour la communion ;
C'était la plume et l'encrier,
Les taches sur les tabliers,
Sur les cahiers et les plumiers,
Pour l'art des pleins et des déliés ;
C'était la femme sac sur le dos
Qui ramassait tous les mégots
Qu'elle revendait pour quelques francs
A l'hôpital des indigents ;
C'était le lait dans des bidons,
Le temps des fruits qui sentaient bon,
Ou le "bio" n'existait pas
Ni l'OGM ni le Coca ;
C'était les bains dans les rivières,
Les pique-niques dans les clairières,
Les autos, coffre à l'avant,
Et les vitesses au volant ;
C'était le temps des médisances,
De la morale, des surveillances,
Ca, ça n'a pas vraiment changé,
La nature humaine reste ce qu'elle est ...