Heloïse
Voici une histoire vécue par Eve Lyne, loin des théories et des paroles. Que de la vie, de la vraie vie ! C'est ce que je préfère.....
Héloïse avait huit ans et trainait les bistrots avec
ses parents. De braves gens un peu perdus, pas méchants pour deux ronds, sauf
qu'ils étaient dans une situation difficile : chômage, alcool, expulsion...A
l’époque je donnais un coup de main à des amis qui tenaient un bar de quartier.
Cela se situe dans les années 1992.
La fillette avait souvent faim quand l'heure du repas
arrivait. Elle se nourrissait de cacahuètes... Elle venait facilement vers moi.
Les parents n’ont pas pris ombrage de me la confier trois ou quatre fois.
Un jour, je me suis aperçue qu'elle avait des poux en
passant mes mains dans ses cheveux.
Comment se fait-il qu'un détail pareil passe inaperçu? Bref, j'ai réussi à
convaincre les parents de me la confier pour quelques nuits. Non pas pour les
poux...Mais, pour la faire belle. J’ai donc acheté le produit pour les poux et
lui ai même fait une coupe de cheveux. Ils étaient si longs, si fins et si peu soignés.
C’était une fillette enjouée et
intelligente. Je ne posais aucune question et je l'observais
mine de rien. On sait bien que les enfants ne causent pas... Petite mine
maigrichonne, elle a mangé de bon cœur avec moi. Et puis, elle a joué dans le
jardin un moment. Toujours
mine de rien, je l'ai dépouillée, c'était pas rien, mine de rien.
Ses parents étaient tellement gentils avec elle...Personne
n'a jamais fait de signalement.
Moi, non plus, d’ailleurs...Sauf que j’ai écrit un poème pour Héloïse, un appel
au secours...
Finalement, tout va très vite.
La maman d'Héloïse réalise et prévient les services sociaux qu'elle n'a plus de
toit, ne peut garder sa fille...L'assistante sociale me contacte pour me dire
qu'elle vient chercher la
petite. Elle la confie à la cité de l’enfance, une
institution destinée à protéger les enfants. Sous protection, en somme.
J’ai appris plus
tard que, suite à une expulsion, les parents étaient à la rue, sans travail.
Sachant l’enfant en sécurité, je n’ai jamais pris de
nouvelles. Elle n’était pas maltraitée par ses parents
Des braves gens, qui aimaient leur fille...
Une fillette qui mourrait de faim, mais qui aimait ses
parents....
Heloïse, Héloïse
Petite enfant ...
Dont la vie semble bien
compromise...
Tes yeux ne brillent pas de
cette lumière exquise...
Qu'ont les gosses à qui une
autre vie est promise.
Héloïse, Héloïse...
Tu t'accroches et tu
t'épuises...
La misère te semble acquise...
Prends ma main...
En attendant demain.
Eve Lyne