Le dé d'argent
En revenant de Paris, je prends souvent la nationale 7 pour rentrer chez moi. Non loin de ma maison, il y a un grand carrefour avec un feu rouge et sur la droite se trouve une toute petite boutique, écrasée par les immeubles environnants, un grain de poussière écrasé par des mastodontes !! Une boutique rare de nos jours, comme on n'en fait plus, puisqu'il s'agit d'une mercerie "Le dé d'argent". Je l'ai toujours connue. Depuis un certain temps une idée trotte dans ma tête: rentrer au dé d'argent pour voir enfin de visu ce commerce d'un autre temps. Hier j'ai franchi le pas , monté les trois petites marches et poussé la porte. Deux dames étaient assises à une table en train de prendre un thé. Autour d'elles , tout ce qui fait le charme d'une mercerie: des boutons, des pelotes de laine, des fils de toutes les couleurs, des fermetures éclaires, des dentelles et puis accrochées au mur des broderies, plein de broderies. Tout cela dégageait une ambiance chaude et colorée.
L'une d'elle se leva et me demanda ce que je voulais" Rien , lui dis je, je voulais simplement voir votre boutique, il y a tellement longtemps que je passe devant"
J'ai tout de suite senti une certaine méfiance de sa part" Mais qu'est ce qu'il veut celui là. Un homme qui rentre ici c'est très rare !". Devant ma bonne foi, elle fut rassurée et me parla de l'histoire de sa boutique.
Elle fut créée en 1984 et Danielle, la mercière actuelle a repris le commerce en 1988. Un bail qui lui a permis de voir défiler un certain nombre de clientes. Beaucoup sont devenues des amies car Danielle adore donner des conseils de couture et puis c'est l'occasion de papoter......A tel point qu'elle a institué des rendez vous thé ou café. Une atmosphère douillette qui contraste avec la circulation dense de la N7. Cette petite boutique résiste au temps, aux modes , mais pas aux pressions de l'urbanisme. L'expropriation est pour bientôt car une nouvelle ligne de tramway va voir le jour.
Fini "le dé d'argent" et ses broderies ! Triste fin d'une belle aventure !