Destin
Il y a quelques jours je parcourais mon ancien blog "Les 3 mondes" et relisais certains textes. Celui que vous allez lire ci-dessous date de janvier 2008. Un bel exemple de destin incroyable. Il faut toujours s'efforcer de garder la foi !!
J’ai eu l’occasion d’aller deux fois en vacances en Andalousie et j’y ai pris beaucoup de plaisir car c’est vraiment une belle région tant sur le plan touristique que culturel. Carrefour important de civilisations, l’Andalousie a subi la double influence chrétienne et islamique. L’exemple le plus spectaculaire se situe à Cordoue avec la célèbre mosquée cathédrale, un édifice extraordinaire reposant sur 850 colonnes avec en son centre une cathédrale construite par les chrétiens après l’invasion des Maures. J’ai adoré flâné dans les ruelles de la vielle ville qui descendent jusqu’au Guadalquivir et son fameux pont romain. Cordoue, Ronda, Grenade et Séville, que de belles villes au passé glorieux où il fait bon se promener pour découvrir des patios magnifiques, des jardins luxuriants où jets d’eau et bassins s’entrecroisent sous un soleil de plomb, enfin des trésors d’architecture tels que l’Alhambra à Grenade ou la Giralda à Séville.
Lors du dernier séjour, après avoir visité les vieux quartiers de Séville avec ma femme, nous décidâmes de nous rendre à la cathédrale. La chaleur était torride et une queue impressionnante attendait l’ouverture des portes. A l’entrée un individu à la peau noire, habillé en femme, plus exactement en danseuse de flamenco, faisait le pitre et vendait des kleenex. Il avait un franc succès et n’arrêtait pas de se faire prendre en photo. Il dégageait une joie de vivre communicative. Je ne sais pourquoi cette image est restée ancrée dans ma tête.
Il y a une dizaine de jours, je prends l’avion. Au moment du décollage, j’ouvre le magazine « Courrier International » et vois à l’intérieur la photo du personnage vu à Séville. Je lis l’article qui lui est consacré et découvre une vie hors du commun.
«
Né au Liberia, il a perdu ses parents pendant la guerre. Emmené dans un
camp militaire avec des camarades d’école, il échappe de peu à son
destin d’enfant soldat. Il s’enfuit en traversant toute l’Afrique, caché
dans des camions ou à pied. Rentré à Monrovia, la capitale du Liberia,
il échappe à la guerre civile et pour arriver en Espagne, il a dû
traverser la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Niger, l’Algérie et le Maroc.
Sans papiers, sans argent, il a voyagé dans des camions et marché,
toujours de nuit, des milliers de kilomètres. Pour payer les passeurs,
il a fait tous les métiers pendant des mois, surtout manutentionnaires
sur les marchés. Il s’est perdu dans le désert, il a trouvé sur son
chemin les cadavres de ceux qui avaient tenté la traversée avant lui, il
a subi toutes sortes de brimades et a même dû boire sa propre urine pour
survivre. Il a finalement été transféré à Malaga et s’est retrouvé à
Séville qu’il n’a plus quitté. Dans la capitale andalouse, il est devenu
un personnage incontournable en vendant des mouchoirs à la sauvette. « J’ai
échappé à la maladie et à la mort. Maintenant, enfin, je vis bien et
j’ai oublié les souffrances du passé. Je n’aime pas ressasser ma vie
d’avant ». Tel est le destin de Howard Jackson.
Daniel