Le billet de 50 €
Je suis un billet de 50€. Je suis né à la banque de France qui m'a déposé dans un distributeur situé près de la Porte d'Auteuil , à Paris. Je m'en souviens comme si c'était hier. Mon premier propriétaire était un vieux monsieur qui m'a glissé dans son porte monnaie où il n'y avait pas grand chose, seulement quelques pièces de 10 et 20 centimes. Il n'était pas riche ! Et m'a vite échangé contre quelques denrées alimentaires.
Alors pour moi à commencer une vie de billet, à passer de mains en mains, à rester au fond des poches et même à tomber par terre sans que le propriétaires ne s'en rende compte. J'ai beaucoup voyagé à travers plusieurs pays et j'ai tout connu. J'ai connu des gens riches et des gens pauvres, des avares et des généreux, des dépensiers et des grippes sous. J'ai connu le marché noir et les circuits parallèles: la drogue, la prostitution. Je passais de mains en mains en échange de cames ou de filles, avec plein d'autres billets.
Un jour j'ai même fait partie de l'argent servant à payer une rançon pour délivrer quelqu'un. Je ne suis qu'un modeste billet de 50€ mais je pourrais en raconter sur les humains, leurs vices et leur générosité, sur le capitalisme et ses travers, sur la fascination vis à vis de l'argent. Ce que je n'aime pas, c'est de rester enfermé dans une tirelire ou de stagner au fond d' une banque à l'intérieur d'une liasse de billets de 50€. J'ai l'impression d'être inutile.
Moi ce qui me plaît le plus , c'est de changer constamment de propriétaires et de voyager afin de rencontrer différents milieux. J'apprécie particulièrement les sacs à main des belles dames parce que ça sent bon et que l'on trouve tout un tas de choses. Maintenant je suis un peu fatigué et je suis tout froissé. Mon teint est devenu gris et s'est fané. J'aimerais bien me reposer un peu mais la frénésie des hommes vis à vis de l'argent est toujours aussi intense. La retraite n'existe pas pour moi.......
Daniel