La vieille dame
Elle était assise avec son mari, à côté de notre table, au restaurant. C’était une vieille dame mais il émanait de son être quelque chose de particulier. Lorsque je suis au restaurant, j’aime observer les tables autour de moi. On y apprend plein de choses sur le comportement des gens. Ces petites tranches de vie sont souvent très significatives. On y voit défiler des gens coincés, des bruyants, des distingués, des beaufs, des belles femmes avec de vieux messieurs, des enfants qui crient et sautent partout, des amoureux et des hommes d’affaires. Il ya aussi les agressifs et les exigeants.
Comme j’étais en vacances, il y avait surtout des familles et des grands parents avec leurs petits enfants.
Lorsqu’elle arrivait, le soir, avec son mari son visage était toujours lumineux, ouvert, emprunt d’une certaine gaité. Elle avait du être, dans sa jeunesse, une très belle femme. Mais surtout ce qui m’a interpellé, pendant toute cette semaine de vacances, c’était son regard plein d’innocence, une capacité à s’émerveiller de tout. Elle devait être curieuse de la vie, prête à saisir la moindre occasion à s’intéresser. Je ne l’ai pas vue une seule fois triste. Ses yeux étaient une invitation à la joie de vivre. Elle profitait avec sérénité et gourmandise de ses vacances.
Autant elle dégageait une vibration assez extraordinaire, autant, par comparaison, son mari paraissait plus terne. Elle fut, sans le savoir, mon rayon de soleil de mes soirées bretonnes. Il y a ainsi des êtres de lumière qui croisent nos chemins sans parler mais qui nous font vibrer. J’aurais bien aimé connaître l’histoire de cette femme mais comme toujours, la timidité, les conventions, m’empêchent de faire le premier pas.
Daniel