La nouvelle femme de ménage
Elle est arrivée jeudi matin, toute pimpante, maquillée, parfumée. Elle doit avoir dans les trente ans .Pour faire connaissance , nous lui avons offert un café pendant qu’on entamait la conversation avec elle.
- De quelle région êtes vous ?
- Je suis kabyle et j’habitais un petit village de montagne. C’est une belle région, verdoyante et escarpée.
- Depuis combien de temps vivez vous en France ?
- Cela fait maintenant deux ans que je suis ici. J’ai quitté mon pays pour avoir une certaine liberté car le gouvernement algérien actuel est un gouvernement très sévère qui laisse peu d’espace à la libre expression. C’est pour ça que je suis parti. Mon père qui était journaliste a été égorgé par les djihadistes il y a une dizaine d’années. Il voulait protéger son village contre le terrorisme.
- Est-ce que vous avez fait des études ?
- J’ai un bac littéraire et deux ans d’études supérieures. Ma mère est illettrée mais a voulu que je fasse des études. Elle est très fière que je sois maintenant en France. Nous sommes une famille de 6 enfants.
- Comment se passe votre intégration en France ?
- La France, c’est le pays de la liberté mais où j’habite c’est un peu spécial. Il y a beaucoup de bruit et quelques nuisances. C’est un quartier d’émigrés où il y a beaucoup de noirs. Difficile de se reposer. Avec mon ami, nous avons le projet de partir au Canada. Mais auparavant je vais entreprendre une formation en informatique
- Au fait, comment vous appelez vous ?
- Je m’appelle Dihya. C’est le nom d’une reine guerrière berbère
Je trouve qu’il faut un certain courage pour quitter son pays et sa famille, pour gagner sa vie en faisant des ménages. Mais elle semble volontaire et déterminée. Je lui souhaite de réaliser tous ses projets et j’ai beaucoup de respect pour cette jeune femme.