Le gigot et les haricots
Dans la famille, du côté de ma mère, une tradition familiale consistait à se réunir une fois par mois autour d'une grande table pour déguster un bon gigot avec des haricots. Ce repas avait lieu chez ma grand mère( la mère de ma mère). Il y avait là l'oncle Edouard, assis dans son fauteuil en osier, l'oreille collé contre le grand poste en bois, entrain d'écouter les informations lorsque nous arrivions. Un érudit l'oncle Edouard mais qui n'avait jamais travaillé de sa vie, handicapé qu'il était par des crises d'épilepsie. Ma mère n'aimait pas du tout ces repas car parfois ils avaient tendance à dégénérer sur le plan politique , l'ensemble de la famille ayant le coeur qui penchait à gauche sauf, justement, mon père et ma mère.
Mon père était militaire et ses idées le portaient vers la droite. Il y avait aussi l'oncle Jeannot, le frère de ma mère, communiste accompli, et qui passait son temps à raconter des histoires salaces et drôles. Moi j'aimais bien l'oncle Jeannot, je le trouvais très marrant ! Il avait un fils de mon âge qui d'après ma mère ne faisait pas grand chose à l'école. On déjeunait dans la salle à manger sous le regard d'une vieille horloge comtoise qui égrenait le temps toutes les heures.
Le repas s'éternisait dans l'après midi, le temps traînait et l'alcool aidant, les conversations s'animaient . Je m'ennuyais ferme à subir des discussions qui ne m'intéressaient pas. Les adultes menaient leur vie et ils ne savaient pas ce que je pouvais penser. En fait ma mère n'aimait pas trop sa famille et jugeait sévèrement leur comportement. Elle avait une nature conflictuelle. Les heures tournaient. Une après midi entière à rester assis derrière son assiette !
Peut être est ce à cause de cela que je n'ai jamais aimé les repas qui s'éternisent. J'avais souvent l'impression de perdre mon temps !
Daniel