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Les voies de l'âme
14 novembre 2010

Enfin libre !!

aung


Assignée à résidence surveillée, à Rangoon, depuis une quinzaine d’année par la junte militaire birmane, Aung San Suu Kyi  a été libérée hier. Une très bonne nouvelle pour tous les démocrates de la planète. Une moins bonne pour la dictature militaire. Prix Nobel de la Paix en 1990, Aung San Suu Kyi, fille du général Aung San, héros de l'indépendance birmane, a lutté avec courage, pendant ces nombreuses années, contre l’oppression de la junte birmane qui a appauvri le pays de façon inexorable, un pays pourtant merveilleux où il devrait faire bon vivre.

Elle n'a pas vu ses deux enfants qui vivent en Grande-Bretagne depuis près de dix ans, et avait renoncé à se rendre en 1999 au chevet de son mari mourant, de peur de ne plus pouvoir retourner en Birmanie.

Je suis admiratif devant le courage de ceux qui luttent pour les libertés. Il faut une grande foi et une volonté énorme pour ne pas plier contre les pressions psychologiques et physiques dont elle a fait l’objet.

 

Daniel

Voilà ce qu’elle disait dans l’un de ses discours les plus connus

«  Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime… »

« Dans sa forme la plus insidieuse, la peur prend le masque du bon sens, voire de la sagesse, en condamnant comme insensés, imprudents, inefficaces ou inutiles les petits gestes quotidiens de courage qui aident à préserver respect de soi et dignité humaine. (...) Dans un système qui dénie l’existence des droits humains fondamentaux, la peur tend à faire partie de l’ordre des choses. Mais aucune machinerie d’État, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de ressurgir encore et toujours, car la peur n’est pas l’élément naturel de l’homme civilisé…. »

Commentaires
A
Aung San Suu Kyi est libre.<br /> Je crois Daniel que c'est une bonne chose pour la Birmanie dans son ensemble car nous aurons maintenant une autre perception de ce pays et avec le temps, peut-être pourrons-nous le considérer autrement et sans doute échangerons-nous mieux avec lui, je veux parler du commerce, du tourisme et de l'industrie en général.<br /> <br /> Son discours sur la peur démontre qu'elle a été confrontée à elle, à un niveau personnel.<br /> Cette femme est jolie, possède la grâce mais jamais nous ne l'avons vue décharnée ou maltraitée physiquement (heureusement).<br /> Pardonnez-moi !<br /> Quand je dis cela, je ne la juge pas bien sûr mais j'ai tellement de pensées qui fusent instantanément et de toutes parts.<br /> <br /> Je vois cet enfant au bord de la route, abandonné par sa mère parce qu'elle ne peut plus l'allaiter et qu'elle doit choisir entre la mort de son enfant et la sienne.<br /> <br /> je vois dans ces torturés à vie qui ont connu les camps de concentration l'histoire de de français qui passa par le mouroir de Sandbostel :<br /> "Finalement, au terme de ce voyage-hésitation, on nous débarqua dans une gare, propbablement celle de Brillit. On nous fit grimper dans des camions pour nous diriger sur le camp de Sandbostel, un camp de prisonniers dont une partie avait été évacuée pour nous recevoir. Il devait devenir "le mouroir de Sandbostel".<br /> Le typhus ne tarda pas à se déclarer. Certes, la plupart des déportés ayant effectué leur service militaire étaient vaccinés. Leur état de faiblesse était tel que la maladie les frappait quand même.<br /> Les morts se multipliaient dans le camp. Un énorme tas de cadavres grossissait sans cesse. Le même jour, je vis disparaître trois amis.<br /> Le premier fut Georges Mathieu, un postier lyonnais. Prisonnier de guerre évadé, il avait repris son travail aux PTT dans sa ville, participant activement à un réseau de résistance. Dénoncé, il s'était retrouvé à Neuengamme puis à la Kriegsmarine de Brême, enfin à Sandbostel. Ce jour-là, vers la mi-avril 1945, au début de l'après-midi, il était assis à même le sol. Il m'appela afin que je l'aide à s'allonger. Je me mis à genoux derrière lui pour le soutenir. Une fois étendu, il me dit :<br /> - "Merci ... ça va mieux ... je suis bien ..."<br /> Il poussa un profond soupir ... c'était fini.<br /> Je demandais à mes camarades de m'aider à transporter son corps sur le tas de cadavres et je m'assis sur lui pour empêcher qu'il soit victime d'actes de cannibalisme.<br /> Quelques russes et quelques italiens éventraient, en effet les morts pour manger leur foie et leur coeur ... tout ce qui restait "consommable" (qu'on me pardonne) dans leur squelette.<br /> Lorsque je fus entouré jusqu'aux épaules d'autres trépassés, je me dégageais, tirais d'autres dépouilles sur la sienne et revins au baraquement.<br /> Un an après, c'est Pierrot Vallerin qui voulut se coucher. Aussitôt, il n'eut que la force de me dire :<br /> - "Merci ... ça va ..."<br /> Mort à son tour. Derechef, il fallut le mettre sur le charnier ... qui n'était guère plus qu'un ossuaire. Après un nouveau tour de garde au cours duquel je dus me défendre moi-même contre les dépeceurs, je repris place sur ma paillasse ..."<br /> Extrait du livre de Edmond-Gabriel Desprat : "Torturés à vie".<br /> <br /> Je vois les tibétains, ceux qui n'ont pas choisi l'exil, qui sont restés en place en 1959 et qui aujourd'hui, petit à petit, subissent le génocide sous toutes ses formes.<br /> Il y a d'abord le génocide culturel, mis en place par le président chinois actuel Hu Jintao, qui, dans les années suivant la prise du Tibet par la Chine (1959) avait été nommé par Mao Tsé Tung le chef des tortures et l'inventeur de la plus cruelle que l'on puisse imaginer et qui aujourd'hui encore existe pour les rares qui sont encore des fidèles du Dalaï-lama.<br /> Aung San Suu Kyi dit que c'est la peur qui corrompt mais comment faire lorsque le médecin spécial du Dalaï-lama, Tendzin Cheudrak, qui a choisi de rester au Tibet tout en affirmant constamment sa fidélité au Dalaï-lama, est resté plus de 17 ans dans les geôles chinoise, battu par les membres de sa famille, car c'est cela le Thamzing, une torture qui consiste à faire battre jusqu'à la mort le résistant par les propres membres de sa famille (père, mère, frères, soeurs, oncles, enfants, etc ...).<br /> Tendzin Cheudrak est revenu de l'enfer parce qu'il était médecin et qu'il a pu soigner quelques-uns de ses géôliers mais surtoutr parce que la force de sa méditation et la connaissance de la médecine (tibétaine) lui ont permis d'emmagasiner de la chaleur, de boire son urine, manger ses excréments et tout ce qu'il pouvait extirper de son corps (nez, oreilles, bouche).<br /> <br /> Qu'aurions-nous fait, à la place de ces êtres incroyablement courageux ?<br /> Sincèrement, je n'en sais rien mais je suppose que je n'aurais jamais eu leur courage et que s'il fallait choisir entre ses trois exemples, je n'hésiterais pas à choisir la privation de liberté d'Aung San Suu Kyi, sans évidemment remettre en cause son immnense courage, sa grande tolérance et sa capacité à rassembler autour d'elle pour des valeurs indiscutables de progrès.
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