L’immeuble de la rue Oberkampf( 4)
Au deuxième étage, porte gauche: Mme Pasqualetti
En ce début d'après-midi, Mme Pasqualetti est un peu en retard. Il est deux heures moins dix et son premier rendez-vous est à quatorze heures. Elle se rend dans sa salle de bain pour faire un brin de maquillage. Un peu de poudre, du rouge à lèvre, un regard rapide dans la glace et un nouveau visage s'offre à ses yeux. Tout est prêt : la lumière tamisée, une petite musique douce, les cartes rangées sur son bureau et un diffuseur d'huile essentielle posé sur un coin de la commode. Il n'y a plus qu'à attendre la sonnette.
Mme Pasqualetti est taralogue et consulte certains après-midi de la semaine. C'est son gagne-pain. Oh! elle ne roule pas sur l'or mais elle aime ce métier un peu particulier qui lui procure un certain plaisir. Depuis tant d'années, les tourments de l'âme n'ont plus de secrets pour elle. Les souffrances, les passions, les épreuves, les ruptures et les décès, elle connaît.
Elle pense que les êtres sont fragiles et ont besoin de repères. Elle est là pour ça. Elle utilise les cartes comme un support qui lui permet d'avoir des flashs. A chaque fois, elle est toujours étonnée de la fulgurance de la vision qui s'impose à elle et remercie les hautes sphères qui lui ont accordé ce don.
Dieu sait, si elle en a vu des gens pleurer, se lamenter sur leur sort, implorer son aide. Certains ont même menacé de se suicider. Les clients passent et Mme Pasqualetti est toujours là car elle a la foi, une grande foi et pense que son destin est d'aider les autres.
Quelques instants de recueillement, de grandes respirations pour trouver le calme et la disponibilité. Tarologue n'est pas un métier facile. Il faut être à l'écoute et en empathie avec les autres ce qui implique de faire abstraction de ses propres problèmes. La sonnette de la porte d'entrée retentit. Mme Pasqualetti est prête à accueillir sa première cliente.
Daniel