Bénares
Un mois de mars à Bénares. C’était il y a cinq ans.
La chaleur est étouffante et les rues étroites, telles des lézards alanguis, descendent jusqu’au Gange. Une foule grouillante se presse vers le fleuve sacré. La circulation est dense et les rickshaw (sorte de vespa aménagée en voiturette) zigzaguent à travers tous les obstacles faisant fi de tous les dangers. Les vaches (qui sont sacrées) errent dans les rues, indifférentes à cette agitation. La ville grouille de monde et s’agite. Des familles portent des brancards qu’elles vont déposer aux pieds des crémations. Bénares est la ville sainte de l’Inde, la porte ouverte entre la terre et le ciel, là où on souhaite venir brûler le corps de ses défunts avant le dernier voyage. Il y règne une atmosphère particulière, emprunte de bruits, d’agitation mais aussi de recueillement.
J’aime me fondre dans la foule et observer tout ce qui se passe. Ma femme est avec moi. Nous arrivons au bord du Gange. Le fleuve est bordé par de grands quais en espaliers qu’on appelle les ghâts. On y trouve de tout : des enfants en train de jouer au ballon, des sâdhus méditant sous une large ombrelle, des touristes, des colporteurs vous proposant tout et n’importe quoi et des astrologues pour vous prédire l’avenir. Tout proche, les crémations d’où montent des veloutes de fumée. Le parfum du santal se mélange à l’odeur âcre de la fumée des corps en train de se consumer lentement. La vue sur le fleuve est magnifique. Très large (mais aussi très pollué), il fait un vaste coude avant de disparaître à l’horizon. Des bancs de sable se prélassent sous un soleil de plomb. C’est un festival de couleurs ocre, jaune, orangé qui restent gravées en moi.
Un marchand ambulant presse des cannes à sucre afin d’en extraire le jus pour qu’il vous offrira dans un gobelet : Très agréable et rafraichissant ! J’apprécie cette atmosphère un peu spéciale….Ma femme moins….
S’il y a bien une chose à voir à Bénarès, c’est lever du soleil sur le Gange. La ville s’anime doucement et les pèlerins viennent faire leurs ablutions dans le fleuve selon un rite bien établi. C’est bariolé, vivant et joyeux. Les femmes en sari entrent dans l’eau tout habillées pendant que le soleil commence à caresser doucement les ghâts. On prend une barque qui nous amène loin des rives du fleuve. Des cadavres de vaches flottent sur l’eau et Bénares commence à s’éveiller doucement. Un murmure monte dans le ciel. La chaleur est déjà présente et le batelier prend de l’eau avec sa main et la boit sans hésiter !
Jolis souvenirs que ce voyage. J’y pense de temps en temps. J’aime beaucoup voyagé mais je le fais moins qu’avant…..Histoire d’argent et de vieillissement !! J’ai quand même encore quelques projets !!
Daniel