Remettre les compteurs à zéro
En résonnance avec mon texte "Ne pas juger", Marie Christine m'a fait parvenir cette réflexion que je trouve pertinente et qui correspond bien à ma façon de travailler sur un plan personnel.
Tu touches un point crucial qui correspond à un travail que je fais sur moi concernant les croyances, c'est-à-dire tous les conditionnements qui nous font voir la vie sous un certain angle et pas un autre .
Et je te dirais ce que je me dis à moi-même : "Ne te juge pas de juger . C'est une première étape nécessaire, mais qu'il faut dépasser pour ne pas rester dans le jugement, car se juger soi-même c'est comme juger les autres . On n'en sort pas ! La culpabilité aussi est une croyance, un conditionnement à éliminer" .
Nous avons été éduqués, formatés pour juger, par des personnes elles-mêmes formatées (famille, société ...) .
Nous nous sommes incarnés en connaissance de cause dans un monde de dualité pour vivre tous les sentiments négatifs, toutes les pensées tordues, tous les actes heureux et malheureux, faire toutes les erreurs possibles, afin de nous frayer le chemin vers la lumière, de trouver la vérité dans tout ce chaos .
Bien sûr, des Maîtres éclairés nous disent que la vérité est en nous, que tout ce que nous cherchons est en nous, dans notre coeur . On le sent intuitivement, mais tant qu'on ne le vit pas pleinement, on est bien obligé de démêler tout ce fatras qui nous le voile !
Nos croyances, pour moi, c'est notre manière spécifique de voir le monde . Nous avons des croyances personnelles venant de notre karma, de notre éducation, de notre expérience d'enfant . Puis nous avons des croyances sociales, régionales, nationales, raciales, humaines ...
Une croyance n'est pas un choix intellectuel, c'est vraiment un angle de vue incrusté dans tout notre être, imprimé dans notre chair, qui oriente toutes nos réactions, nos pensées, nos opinions et gouverne nos émotions .
Le fait de remettre en question ses jugements, comme tu le fais, Daniel, c'est déjà énorme ! Tous les jours, je m'aperçois à quel point mes pensées ont été et sont encore sous influence du subconscient, ce réservoir intarissable d'idées toutes faites, de cristallisations dûes à des peurs profondes, emmagasinées depuis de nombreuses vies .
Chaque fois qu'un autre agit d'une manière que je n'apprécie pas, j'émets un jugement moral . Le jugement est toujours moral . Or, la morale est une chose abstraite, partiale, aléatoire si elle ne part pas du coeur . Malgré les lois, on peut constater que personne n'a le même sens du respect, de la politesse, de l'amour, de la justice, de l'intimité, du pouvoir, de l'amitié, du profit, du donner et du recevoir, de l'orgueil, de la joie, de la souffrance, de la mort, de la vie, de la solidarité, etc ...
Chacun a son image personnelle de toutes ces choses . Le problème, c'est qu'on est tellement inconscient d'être dans cette représentation unique qu'on n'imagine même pas qu'un autre puisse avoir une image différente . On juge l'autre de ne pas respecter ce qu'on croit être un code général, alors que c'est seulement NOTRE code à nous . Bien sûr, il y a des codes collectifs (nationaux, etc ...) mais ce sont encore des croyances, à plus large échelle .
La solution est bien de prendre le temps de se regarder soi-même chaque fois que le comportement de quelqu'un nous perturbe . Essayer d'envisager la situation avec recul, sans jugement moral, sans référence à une expérience passée, sans implication émotionnelle ; envisager la situation froidement, avec un regard "scientifique" parfaitement neutre ; se placer au-dessus comme si on flottait au plafond, et regarder les deux parties en présence (soi et l'autre) en toute objectivité . Alors, on a peut-être une chance de comprendre ce qui se passe, de voir les motivations de part et d'autre, les croyances de part et d'autre qui les font agir . Il y a aussi les bienfaits de la méditation .
Ce n'est pas une tâche facile mais je crois que c'est ce que nous sommes venus faire sur terre .
Marie Christine