Mon frère est aveugle.
Une belle expérience de vie que nous raconte Alain. Comme quoi tout est possible. Transcender un handicap pour puiser en soi la force de vivre.
Mon frère est aveugle.
C'est le plus fort d'entre nous tous.
Il
nous dit, chaque fois que nous abordons le sujet dans les réunions de
famille, que si on lui proposait de recouvrer la vue, il la refuserait,
tellement il a su s'adapter à son monde intérieur.
Grand
conférencier, philosophe, ostéopathe de son métier, appelé régulièrement
dans les hôpitaux pour réveiller des êtres en coma profond, utilisant
son énergie pour prodiguer l'amour entre ses mains, il est celui d'entre
nous qui possède la sagesse de l'humour et du rire qui va avec. Il est
un homme admirable, plus fort que n'importe lequel d'entre nous.
Adepte de Spinoza, proche de Jésus-Christ, il parcourt le monde à la découverte des origines et discourt sur leurs messages.
Cet
été, dans une partie de pétanque somptueuse, à l'aide de ma voix et de
son amour fraternel et universel, il a eu l'audace de pointer mieux que
n'importe quel pointeur adverse. Nous avons ensemble gagné la partie,
non pas pour la gagner mais parce qu'il possède en lui une force
incroyable d'amour et d'écoute. Nos adversaires d'un jour, frères,
cousins, cousines, nièces et neveux n'ont pu que constater l'immense
capacité de l'homme à se surpasser, malgré ou grâce à son handicap.
Pour
mieux comprendre, je me positionnais au-dessus du cochonnet, ma cousine
plaçait mon frère au milieu du rond, je l'orientais en lui donnant la
distance par ma voix et il amenait sa boule à quelques centimètres du
cochonnet. Il faut dire que nous jouons ensemble à la pétanque depuis
notre plus jeune âge. Il a aujourd'hui 66 ans.
Tous les handicapés ne connaissent pas les mêmes joies de vivre.
Ce n'est pas facile de se mettre à leur niveau et communiquer. C'est important de le faire.
Alain