Thomas More( suite)
Le texte envoyé par PLV, concernant Thomas More, m’a amené à me pencher un peu plus sur la vie de ce personnage. J’avais eu l’occasion d’étudier sa vie à l’école et avais tout oublié. Pour ne pas renier ses convictions, Thomas More va mourir d’une façon cruelle. Il n’avait pas accepté de reconnaître l’autorité religieuse que s’était arrogé Henri VIII et qui niait celle du pape. En relisant sa vie, je fus à la fois ému et admiratif par sa façon d’être et d’avoir vécu. J’ai pensé intéressant de diffuser ci-dessous ce très beau texte, écrit pendant sa détention, et significatif de sa grande foi.
Nous sommes en avril 1534 et Thomas More vient d’être emprisonné à la Tour de Londres. Il y reste plus d’un an. Ses journées se déroulent dans des conditions extrêmement difficiles. Le froid et la faim détériorent sa santé et il croit à plusieurs reprises qu’il ne verra pas son procès. Pendant sa détention, il médite sur la mort et écrit, au moins pendant un temps, plusieurs ouvrages. Il écrit en particulier La tristesse du Christ, une méditation sur la passion du Christ de la fin de la Cène à l’arrestation. Thomas More savait que Dieu avait fait l’expérience de la fragilité humaine et de la solitude face à la mort. Il a connu le combat de l’homme qui avance vers la mort, l’Agonie. Il craint de ne pas être assez fort pour affronter cette douloureuse épreuve. Le jury le condamne à être pendu, traîné et éviscéré, mais le roi commue cette sentence en décapitation. L'exécution a lieu le 6 juillet 1535. Quand il arrive au pied de l'échafaud, il dit à l'officier qui se trouve présent: « Je vous en prie, je vous en prie, Monsieur le lieutenant, aidez-moi à monter, pour la descente, je me débrouillerai. ». Il embrassa son bourreau : « Courage, mon brave, n'aie pas peur, mais comme j'ai le cou très court, attention ! Il y va de ton honneur. » Il se banda les yeux et se plaça lui-même sur la planche.
Voici le texte:
Donne moi ta grâce, Seigneur bon,
de tenir pour rien le monde
De tenir mon esprit fixé en Toi,
et de ne pas flotter au souffle des bouches humaines;
De m’accommoder à la solitude,
De n’être pas avide de compagnie mondaine,
Peu à peu de rejeter le monde
et de libérer mon esprit de son tourbillon;
De ne pas être avide de ses nouvelles mais dégouté de ses vanités;
Joyeusement de penser à Dieu
D’implorer son secours
et de prendre appui en son réconfort;
de me mettre activement à l’aimer,
de découvrir ma vilenie et ma misère,
pour me faire tout petit sous sa main puissante;
de pleurer mes péchés passés, et pour m’en purifier
de supporter patiemment l’adversité;
de souffrir volontiers mon purgatoire ici-bas
d’accueillir avec joie les tribulations;
de suivre l’étroit chemin qui conduit à la vie;
de porter la croix avec le Christ;
d’avoir en mémoire les fins dernières,
d’avoir toujours ma mort devant les yeux,
une mort toujours présente,
pour qu’elle ne me soit pas étrangère.
D’envisager et considérer le feu éternel de l’enfer;
d’implorer mon pardon avant que vienne le Juge,
d’avoir sans cesse à l’esprit la Passion
que le Christ souffrit pour moi.
De le remercier continuellement de ses bienfaits,
de racheter le temps que j’ai perdu,
de m’abstenir de vaines parlotes et de sotte gaîté;
de couper court aux récréation superflues.
De tenir pour rien la perte des biens de ce monde,
des amis, de la liberté et du reste pour gagner le Christ.
De voir en mes plus ennemis, mes plus grands amis.