Quelle justice ?
J’évite, en principe, de publier des textes trop longs car je pense que certains lecteurs ne les liront pas jusqu’au bout. Je suis amené à faire exception à la règle avec ce texte de Marie Jeanne Edel ( Mamydou) et prochainement avec un article consacré à l’ego. Mais je souhaite revenir à des textes plus courts.
Marie Jeanne est Présidente d’une association « Conseil National de Défense Des Libertés Publiques et Privées » qui propose une assistance dans les domaines administratif, social, juridique, et dans toutes démarches et courriers. Forte de son expérience de l’injustice et des inégalités, elle a écrit le texte ci-dessous qui devrait vous intéresser.
« Le Cœur de la Justice » oppose en raccourci saisissant la vision du poète en forme de pléonasme et l’expression d’un antagonisme forgé par les hommes.
En d’autres termes, seul le Cœur peut exprimer la Justice, Nous savons tristement ce qu’il en est.
Si les mots vidés de leurs sens devaient disparaître, notre vocabulaire contemporain serait considérablement réduit. La rigueur sémantique nous fait singulièrement défaut.
Non ! il n’y a pas de raisons abstraites aux injustices telles que codifiées dans les systèmes de notre Société. Il n’y a que des injustices qui sont issues de la responsabilité d’êtres humains envers d’autres êtres humains.
Il en est malheureusement ainsi sur toute notre planète. Cette affligeante réalité a rendu nécessaire l’énoncé des Droits de chacun, palliatif légal à l’oubli des Devoirs et à l’ignorance de ces Lois qui n’appartiennent qu’à l’essence la plus pure de notre conscience : L’AMOUR DU PROCHAIN !
Les règles ne peuvent plus colmater les fissures de la forteresse appelée JUSTICE, cette dernière bafoue les DROITS DE l’homme : à la propriété, à la dignité, au bien être, à la vie.
Imaginons une Conscience Sublime, immensité de lumière, de laquelle émergeraient toutes les pensées de perfection. Ils sont appelés « Justes » ceux-là de tous les temps, qui acceptent de mettre leur vie au diapason des plus hautes Vertus.
Souvenir collectif, chacun porte en soi l’instinct d’une Justice absolue. Mais cette Justice a perdu les contours de sa réalité dans les miroirs déformants des religions, des philosophies variées, de l’éducation, de l’instruction et des droits légaux. Elle est soumise aux dogmes, aux pensées argumentées et réfutables, aux traditions familiales, à la volonté politique, aux groupes de pression …
A l’aube de ce troisième millénaire dont André MALRAUX a dit «qu’il serait Spirituel ou ne serait pas ! » il semble que l’heure soit venue de re-connaître «connaître à nouveau », le Grand Tout en toutes choses. Peut-être est-il temps d’abattre les cloisons entre la science et la spiritualité, entre le visible et l’invisible, le connu et l’inconnu, le langage discursif et le langage intuitif. Mettre en opposition ces aspects qui sont complémentaires alimente des polémiques stériles et retarde considérablement l’évolution des individus en particulier, et de l’Humanité en général.
Entre le fini imparfait d’un rationalisme déraisonnable de sa raison et l’infini parfait du rêve mystique des poètes, la juste mesure est à mi-chemin. La juste mesure maintient la verticalité du fléau de cette Balance, précisément emblème et symbole de Justice.
Droits et devoirs doivent-ils être opposés dans les deux plateaux de cette même balance dont l’équilibre dépend de la force de chacun dans un système d’opposition ? Ou bien doit-on considérer ces Droits et Devoirs comme les deux faces d’une même pièce, dans une optique de complémentarité ?
Avant d’essayer de répondre à cette question, voyons très simplement, disons instinctivement, quels pourraient être les fondements des Droits, et quels pourraient être ceux des Devoirs ?
Les Droits sont-ils soit un équilibre résultant de rapport de forces de groupes de pression opposés, soit l’expression d’une « majorité »acquise par le plus grand nombre ou par la plus grande force ? Dans les cas cités, les Droits peuvent être légaux mais pas forcément justes.
La Justice, dans son sens premier, est une sorte de valeur commune à tous, mais qui va se déterminer par l’idée que l’on se fait de son «bien-être».
Sommes-nous ou bien ne sommes-nous pas dans notre bon droit selon que nous respectons ou non la légalité ? Avons-nous ou n’avons-nous pas de droits selon que le détenteur du pouvoir nous en accorde ou pas ? Cela n’est-il pas fonction du pouvoir que nous-mêmes lui avons autorisé ? Si nous en avons les moyens, bien entendu.
Les rapports de forces fluctuent avec le temps de façon plus ou moins chaotique, en tout cas discontinue. Par contre le Droit a un caractère historique continu, semble-t-il.
Ou alors, on considère que le Devoir est l’expression d’une Morale, mais cette Morale ne peut pas s’imposer, elle doit être évidente. Ce qui est évident devrait être profondément inscrit dans l’inconscient collectif. Au regard des comportements, il semblerait que ces « évidences » comme le « bon sens », soient pour beaucoup, singulièrement oubliées.
Une autre évidence nous amène à dire que le devoir doit émaner de chacun. Mais pour que chaque individu ait vraiment conscience des devoirs qu’il a envers les autres, il faudrait qu’une ligne conductrice Morale et Unifiée anime l ’Humanité. Les devoirs deviendraient alors implicites et n’auraient certes plus à être explicités
On imagine aisément le nombre d’aménagements à prévoir dans le programme éducatif des enfants ! …
Cette réflexion sur les Droits et les Devoirs peut alimenter, à l’infini : discussions, polémiques et méditations, du matérialisme au ras de terre jusqu’aux plus hauts sommets de la Foi et de la Spiritualité, en passant par toutes les graduations de l’intellect et de la philosophie.
Chacun souffre plus ou moins d’une Justice notoirement défaillante, mal assise, mal comprise, établie sur des fondations d’ignorance des Grandes Lois Universelles.
L’expression « Juste », la vraie compréhension ne peuvent émaner que d’une Source Unique : L’Amour du Prochain
Si l’Amour du prochain induit les intentions et les actions, il est une Source Intarissable qui inspire la fonction primordiale de l’homme : LE SERVICE
Cette disposition à SERVIR est naturelle, mais elle peut s’alimenter à d’illusoires énergies d’orgueil et de pouvoir ; elle peut être détournée de son objet et servir l’ambition.
SERVIR LA CREATION, certes elle est là cette Noble et Sublime fonction des hommes auxquels la terre fut confiée ! Nous sommes loin oh combien, tous le savent, de cet Idéal Labeur.
La loi qui défend la loi ; la priorité accordée au respect des règles des systèmes ; le raisonnement figé sur la forme et la lettre ; la non-responsabilité en facteur de bonne conscience ; voilà globalement comment la notion de Service est transférée dans nos institutions sur des entités impersonnelles et subjectives bien que familières, les administrations. Les usagers eux-mêmes accordent une sorte de vie consciente, indépendante, à ces Féodalités intouchables et souveraines de notre siècle.
Plus efficace qu’un pont-levis ou une épaisse muraille, le pouvoir des lois, obstiné, impersonnel, ne saurait s’émouvoir et surtout déroger à ses propres règles sans se remettre en question
Nous qui pouvons prétendre, justement, être bénéficiaires des systèmes, nous nous devons, de dénoncer systématiquement tous les grincements des mécanismes. Nous devons, sans nous lasser, tout remettre en question tant que les Institutions ne seront pas réellement, EFFICACEMENT, RAPIDEMENT, AU SERVICE DES CITOYENS.
Il est intolérable que chaque jour des milliers d’hommes et de femmes soient victimes d’injustices engendrées par les Systèmes. LA JUSTICE et LE SERVICE sont d’inséparables Vertus, attributs de la conscience. Toute négligence dans l’obligation de s’y conformer porte des conséquences immédiates et à plus long, très long terme. Il faudra nécessairement PAYER LA NOTE.
L’homme desservi, asservi, victime d’autres hommes justifiés par les Systèmes, restera la preuve incontournable, l’exemplaire illustration de se conformer, individuellement, collectivement, à des Lois plus Hautes, intangibles, Universelles et Eternelles.
Notre civilisation a engendré l’irresponsabilité à tous les niveaux. Mais qui osera, parmi les Médias, faire chorus à ces évidences ?
Quel dommage que les Valeurs spirituelles fussent traitées avec tant de «pudeur».
Le mental sclérose la conscience, tragique méprise qui engendre tous les désordres, toutes les violences, dans un crescendo de causes et d’effets dont le moindre peut être l’injuste sort d’une grand mère ou d’un petit enfant et le pire un sanglant et fratricide combat, ou telle famine qui décime une population, ou tel autre drame, sauf catastrophe naturelle qui font la Une de l’actualité.
Tout relève des même causes, lesquelles ne pourront disparaître que par la mise en action du SERVICE SUBLIMEMENT INSPIRE PAR L’AMOUR DU PROCHAIN, seul garant de l’EQUITE et de LA PAIX
Marie Jeanne Edel:mjedel@wanadoo.fr