Quand mon oeil se met à friser
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Je dois vous l’avouer, les gens trop policés, les conformistes, les situations surfaites me mettent souvent mal à l’aise. Trop beau pour être honnête. Je me dis, peut être à tort, que cela cache quelque chose.
Et puis c’est ennuyeux tous ces gens convenus. Loin de moi les banalités, ceux qui enfilent des perles et qui se présentent sous un bon jour. Vous savez ceux qui sont tout lisses et qui ne présentent aucun aspérité.
Je préfère rouler mille fois sur des chemins de traverse que sur des autoroutes toutes droites. Alors quand l'imprévu surgit ou que l'improbable se présente mon écoute grandit, mon regard s'allume. J’ai l’œil qui frise et mon intérêt croit.
Je me régale alors de toutes ces petites choses inattendues et improbables qui surgissent au hasard de la vie, de ces personnages haut en couleurs qui détonnent dans le conformisme ambiant tel ce vieille homme qui, tous les matins , entre dans le salon de coiffure pour raconter sa petite blague. Je pense aussi à cet homme qui jouait une marche militaire au clairon, aux heures de pointes dans le métro, pour réveiller ceux qui partaient au travail. Il sévissait du côté de Saint Lazare. Je m’en souviens encore. Et cet agent immobilier qui, en attendant les clients, se mettait debout derrière son bureau pour faire des gammes à la trompette !!
Pour terminer cette petite histoire :
Paris au mois d’août.
On descend à la station de métro « Pont de l’Alma ». Aussitôt une chaleur lourde s’abat sur nos épaules. Paris étouffe, écrasé par un soleil de plomb. Les températures s’affolent. Plus de 30° au thermomètre. On traverse le pont de l’Alma où les touristes sont nombreux : allemands, anglais et surtout asiatiques. Les femmes se font prendre en photo, avec derrière elles, la tour Eiffel qui s’élève dans le ciel plombé de nuages.
Nous sommes en avances pour assister au spectacle de la comédie des Champs Elysées. On cherche un coin d’ombre. Heureusement la petite place qui longe la Seine est ombragée par de gros marronniers. On s’assoit sur un banc. Des hommes habillés en vert et jaune( la tenue des agents de la ville de Paris) arrivent sur la place. Ils sont tous noirs. L’un d’eux vient s’assoir sur le banc, près de moi.
La conversation s’engage.
-Pourquoi vous êtes tous là ?
- On va travailler. On va nettoyer le quartier. Vous voyez les petits chariots avec les poubelles. Et bien on va en prendre chacun un et partir ramasser les détritus dans les rues.
- Vous gagnez combien pour faire ce métier ?
-1600 € par mois et 1800 € lorsqu’on travaille le dimanche. On fait 8 heures par jour avec deux jours de repos par semaine.
- Vous avez trouvé facilement ce travail ?
-Oui assez, il a fallu juste passer un examen. Bon il faut que j’aille travailler.
Il se lève et part rejoindre ses collègues qui prennent chacun un chariot. Et les voilà partis dans les rues de Paris à la recherche des mégots, papiers et bouteilles en plastique.
Pendant que nous parlions, la plupart de ses collègues fumaient une cigarette et jetaient avec insouciance leur mégot par terre !!!!
Ah que j’aime tous ces instants inattendus où il se passe toujours quelque chose et où on entre dans d’autres mondes pour quelque instants.