Une rencontre inattendue
Ce matin je me rendais au cimetière pour déposer des fleurs sur la tombe de mes parents ; j’entrais dans la grande allée lorsque je vis s’approcher de moi un vieille homme qui marchait difficilement avec des cannes. Lorsqu’il arriva à ma hauteur, je m’arrêtais et lui dis.
- Bonjour, vous semblez avoir des difficultés pour marcher
Et lui de répondreCe matin je me rendais au cimetière pour déposer des fleurs sur la tombe de mes parents ; j’entrais dans la grande allée lorsque je vis s’approcher de moi un vieil homme qui marchait difficilement avec des cannes. Lorsqu’il arriva à ma hauteur, je m’arrêtais et lui dis
- Quand j’étais jeune j’ai contacté la poliomyélite qui m’a paralysé la jambe droite. Les médecins m’ont conseillé de continuer de marcher et de faire du vélo car j’étais sportif. En fait j’étais coureur cycliste et j’ai même couru avec Anquetil et Poulidor.
- Cela a du être un choc pour vous, sportif, de ne plus pouvoir faire du vélo.
- Oui mais j’ai continué à faire du vélo pour mon plaisir et le mal a disparu. J’allais même travailler à Paris en vélo, soit 50 km aller et retour.
- Quel âge avez-vous ?
- 89 ans. Il y a dix ans le mal est revenu et maintenant je me déplace avec une canne. J’habite juste derrière le cimetière, la maison là, là-bas. Vous voyez ?J’y habite depuis 1962. Et tous les jours je fais le tour du cimetière.
Il était joyeux, plein de vie et avait envie de parler.
- Tiens je vais vous raconter une anecdote. Je devais faire mon service militaire pendant la guerre d’Algérie et comme je suis anti guerre je ne souhaitais pas du tout partir en Algérie. J’ai tenté de me faire réformer en raison de ma poliomyélite mais ça n’a pas marché. J’ai donc fait deux ans d’armée mais j’ai eu de la chance. Comme j’étais mécanicien j’ai dépanné un jour un capitaine qui avait des ennuis avec sa Citroën. Il s’est pris d’amitié pour moi et je suis devenu son homme à tout faire : bricolage et jardinage. J’ai ainsi échappé à la guerre d’Algérie.
J’aime beaucoup ces rencontres inattendues où pendant quelques instants on partage un bout de vie intime des gens. Un lien se crée, certes éphémère mais qui parfois peut être intense. Ces moments je les provoque souvent. Ce sont des instantanés, comme des photos , qui impriment mon être.