Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les voies de l'âme
25 avril 2020

L'immeuble de la rue Oberkampf(3)

marché

 

Monsieur Jean: premier étage porte gauche

Comme tous les mardis, à 13h, Monsieur Jean ferme la porte de son appartement, descend les escaliers son sac à provisions à la main. Il se rend au marché, situé à deux pas, ou plus exactement à la fin du marché car Monsieur Jean n'est pas riche. Il arrive au moment où les commerçants remballent  leurs produits et où il ne reste plus que les invendus. Monsieur Jean farfouille, prend les denrées les moins avariées, les salades un peu flétries, des oranges bien mures.....Dans les cageots éventrés, on peut parfois trouver des trésors ! Et il n'est pas le seul à faire ça.

Monsieur Jean était coiffeur pour dame. Mais tout cela est bien loin maintenant.  Toujours tiré à quatre épingles, un costume qui n'a plus d'âge et un peu désuet. Sa retraite est bien mince et il faut faire avec. Alors les fins de marché, c'est pour Monsieur Jean.

Elie, le marchand de légumes, le  connait bien et lui garde toujours quelque chose de frais à manger: des bananes, un pamplemousse, des pommes de terre..... Une petite vie, une vie de grisaille au coeur de Paris et la solitude qui transpire à travers tous les murs de son appartement. Monsieur Jean est bien seul !

Par la force des choses, il est devenu un glaneur qui ne se contente pas de faire les marchés. Certains soirs, il sort avec sa petite carriole pour faire les poubelles à la recherche de trésors abandonnés. Il fouille, il plonge dans les ordures, à la recherche de l'eldorado. Son monde à lui, c'est la misère, la débrouille.....Paris est aussi une ville de misère car la nuit, sous les réverbères, un monde de pauvreté s'agite, s'affaire aux pieds des immeubles cossus........

Daniel

Commentaires
V
Bonjour,<br /> <br /> Un excellent article ... J'en connais des Monsieur Jean et je pense qu'il y en aura de plus en plus hélas ... Paris ... Je l'ai quitté, trop d'horreurs ... <br /> <br /> Une fleur de Paris
Répondre
D
Il reste beaucoup à faire dans ce domaine et il faut se dépêcher car la famine est au porte de Paris. Heureusement les associations sont là!
Répondre
A
Il est très difficile d'être pauvre dans un pays de riches comme le nôtre.<br /> <br /> Bien sûr il y a des solidarités, des aides publiques ou privées, mais combien y échappent faute de savoir ce qu'il faut faire pour obtenir ce minimum vital.<br /> <br /> <br /> <br /> Heureusement qu'il y a encore ce que tu décris sur certains marchés. Je pense à cette horrible « grande distribution » qui préfère noyer sous l'eau de Javel les invendus alimentaires et qui sont des produits encore largement comestibles, de peur que les pauvres viennent se servir « gratuitement »…<br /> <br /> sans commentaire…
Répondre
M
Il y a bien des situations dramatiques et souvent cachées malheureusement. Des associations existent, il ne faut pas avoir honte de demander. Pour ma part, j'ai toujours accepter ce que l'on me donnait avec le sourire même si cela ne me plaisait pas forcément.<br /> <br /> Bises du jour<br /> <br /> Mireille du sablon
Répondre
A
Espérons que la situation ne va pas empirer. Mais les perspectives ne sont pas fameuses....
Répondre
D
Ici aussi, avant le confinement j'ai vu en ville, un homme jeune, bien habillé, fouillant dans les poubelles de la ville.<br /> <br /> Ce que tu racontes est hélas une réalité. Les prix des légumes sont bien chers (des tomates à 4 euros le kilo... des pommes à 4 euros le kilo aussi) et avec le confinement les prix ont augmentés plus dans certains endroits ..Bises
Répondre
J
Triste réalité qui risque de se multiplier. Gardons un regard lucide et un coeur ouvert. La solidarité ne peut être qu'un mot. Bon dimanche. Amitiés. Joëlle
Répondre
M
J'ai connu cette situation quelque temps, et comme toute expérience apporte son lot de découvertes positives, elle permet de mesurer la puissance de la grâce, le bonheur de côtoyer la bonté parfois. Être en situation de dépendance est excellent pour l'ego, qui aime tant crâner et se prendre pour le maître. On peut penser à la parabole du pharisien et du publicain.
Répondre
D
Il ne fait pas bon être vieux !! Ma mère est morte dans un EPHAD dans des conditions très difficiles. J'ai pas envie de finir ma vie dans ce genre de maison !! J'y pense souvent !
Répondre
A
Oui il y a partout des M. et Mme Jean dont les yeux se détournent pour cacher ce qu'ils pensent être une honte pour eux, alors que la honte vient de cette société qui laisse sur le bas côté ses "vieux". A quel âge sommes-nous qualifiés de vieux ? A un âge où nous devons dépendre des restes jetés pour pouvoir survivre alors que notre vie a été de labeur ? Au moment où devenant dépendants physiquement nous nous retrouvons confinés dans un "mouroir" oubliés même par l'Etat qui ne pense même pas à nous mettre sous protection en priorité ?<br /> <br /> Oubliés souvent par les enfants qui n'ont plus le temps entre leurs vacances lointaines si nécessaires à leur bien être, leurs réunions BBQ entre copains où ils n'ont pas la place pour ajouter une assiette …<br /> <br /> Ton sujet est au coeur de notre société si silencieuse me semble-t-il concernant ce sujet.
Répondre
M
Il n'y a pas qu'à Paris qu'il y a des "monsieur Jean" et des "madame Jean".<br /> <br /> Dans ma ville aussi l'on en voit beaucoup. Enfin, quand je pouvais encore aller en ville librement et sans avoir l’œil rivé sur l'heure affichée sur mon téléphone portable.<br /> <br /> Par contre la fin de marché (un seul marché en centre-ville) ici ça n'existe pas. Jusqu'à deux minutes de la fermeture, un samedi de surcroît (marché pas réouvert avant le mardi matin), je me suis vue devoir faire retirer une tomate de mes achats parce qu'il me manquait trois centimes pour payer.
Répondre
M
Tellement de gens pauvres dont la dignité cache la misère...
Répondre
C
il y a beaucoup de Monsieur Jean de nos jours, qui avaient tout pour être heureux ... un métier bien fait, une civilité bien posée, et pourtant notre riche société les laisse pour compte de "mécréants" dans nos rues à devoir vivre dans la débrouille ... <br /> <br /> je pense à eux ...<br /> <br /> amitié .
Répondre
Les voies de l'âme
Archives
Derniers commentaires
Les voies de l'âme
Newsletter