Arrêter les pendules
Je surfais sur internet lorsque j'ai découvert ce beau poème. Je lui trouve une certaine puissance émouvante. Si je puis me permettre, je souhaiterais le dédier à Ariaga.
Arrêter les pendules, couper le téléphone,
Empêcher le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne,
Faire taire les pianos et les roulements de tambour
Sortir le cercueil avant la fin du jour.
Que les avions qui hurlent au dehors
Dessinent ces trois mots Il Est Mort
Nouer des voiles noirs aux colonnes des édifices
Ganter de noir les mains des agents de police
Il était mon Nord, mon Sud, mon Est, mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.
Je croyais que l’amour jamais ne finirait : j'avais tort.
Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye
Démonter la lune et le soleil
Vider l'océan, arracher les forêts
Car rien de bon ne peut advenir désormais.
Poème de W. H. Auden
Wystan Hugh Auden, plus connu sous la signature W. H. Auden (21 février 1907 – 29 septembre 1973) est un poète et critique britannique, largement considéré comme l’un des plus importants et influents du XXe siècle. Il a passé la première partie de sa vie au Royaume Uni, puis a émigré aux Etats Unis en 1939 et est devenu citoyen américain en 1946.