Le monde vers lequel je veux tendre est un monde d'enfants. Il ne faut pas ici penser que l'enfant auquel je crois soit le même que celui qui grandit aujourd'hui.
Le Petit Prince de Saint-Exupéry démontre que l'enfant tel qu'il est vu par l'auteur n'habite pas vraiment dans le monde qui nous entoure aujourd'hui.
L'enfant dont je parle souvent ne peut pas vivre dans le monde d'aujourd'hui. Il n'est d'ailleurs pas un enfant dans le sens où je l’entends. Il s'agit bien de changer de dimension, de transformer le monde en tournant notre regard vers l'intérieur et ainsi nous serons tous des enfants dans un système où le mot "profit" n'aura pas de sens.
Cela paraît utopique bien sûr et pourtant...Avec nos pensées nous créons le monde. Ce sont nos pensées qui ont façonné depuis des siècles le monde qui nous entoure. Le profit est devenu le maître incontestable d'une civilisation qui se dit "évoluée". Nous n'avons progressé qu'en technologie.
Parce que notre domination sur le monde nous a permis de développer l'asservissement, la colonisation et l'esclavage.
Si aujourd'hui nous démontrons que ces vieux schémas ont disparu, ils ont en fait été remplacés par d'autres formes, toutes aussi dominatrices.
Le profit est même encore plus tangible. La richesse n'est jamais suffisante, le pouvoir non plus. Les écarts se creusent, les fossés deviennent des abîmes et la soif s'intensifie. L'insatisfaction gagne tous ces esprits avides et les rendent fous.
Pour qu'un monde d'enfants sans profits puisse voir le jour sur cette planète, il faudrait que les trois grands principes qui dirigent ce monde s'écroulent. C'est possible. Il suffit de transformer notre conscience, de la renverser, de refuser de continuer à vivre dans ce système inique et autodestructeur.
Pour transformer notre esprit, il faudrait changer notre mode de pensée, penser comme un enfant, comme le Petit Prince ou Peter Pan. C'est utopique bien sûr mais c'est tout de même possible.
Au-delà de la folie...
Alain
Nous tous qui vivons en cet étrange début de siècle, nous avons le devoir - et, plus que toutes les générations précédentes, les moyens de contribuer à cette entreprise de sauvetage; avec sagesse, avec lucidité, mais également avec passion..."
Amin Maalouf - le déréglement du monde
"Maîtriser la nature ? L'homme est encore incapable de contrôler sa propre nature, dont la folie le pousse à maîtriser la nature en perdant la maîtrise de lui-même.
Maîtriser le monde? Mais il n'est qu'un microbe dans le gigantesque et énigmatique cosmos. Maîtriser la vie? Mais même s'il pouvait un jour fabriquer une bactérie, ce serait en copiste reproduisant une organisation qu'il a été incapable de jamais imaginer. Et saurait-il créer une hirondelle, un buffle, une otarie, une orchidée ? Il peut massacrer des bactéries par milliards, mais il n'empêche pas des bactéries résistantes de se multiplier. Il peut anéantir des virus, mais il est désarmé devant des virus nouveaux qui le narguent, se transforment, se renouvellent... Même en ce qui concerne bactéries et virus, il doit et devra négocier avec la vie et avec la nature.
L'homme a transformé la Terre, il a domestiqué ses surfaces végétales, il s'est rendu maître de ses animaux. Mais il n'est pas le maître du monde, ni même de la Terre. Tsigane du cosmos, itinérant de l'aventure inconnue, c'est cela le destin anthropologique qui se dévoile et surgit des profondeurs au cinquième siècle de l'ère planétaire, après des millénaires d'enfermement dans le cycle répétitif des civilisations traditionnelles, dans les croyances en l'éternité, dans les mythes surnaturels : l'homme jeté là, dasein, sur cette Terre, l'homme de l'errance, du cheminement sans chemin préalable, du souci, de l'angoisse, mais aussi de l'élan, de la poésie, de l'extase. C'est Homo sapiens demens, incroyable « chimère... nouveauté... monstre... chaos... sujet de contradiction, prodige ! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre; dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreurs ; gloire et rebut de l'univers », comme disait Pascal I, c'est l'homme déjà reconnu par Héraclite, Eschyle, Sophocle, Shakespeare et sans doute d'autres, dans d'autres cultures.
Cet homme doit réapprendre la finitude terrienne et renoncer au faux infini de la toute-puissance technique, de la toute-puissance de l'esprit, de sa propre aspiration à la toute-puissance, pour se découvrir devant le vrai infini qui est innommable et inconcevable. Ses pouvoirs techniques, sa pensée, sa conscience doivent désormais être voués non à maîtriser, mais à aménager, améliorer, comprendre.
Il nous faut apprendre à être là, sur la planète. Apprendre à être, c'est-à-dire apprendre à vivre, à partager, à communiquer, à communier; c'est ce qu'on apprenait dans et par les cultures closes. Il nous faut désormais apprendre à être, vivre, partager, communiquer, communier en tant qu'humains de la planète Terre. Non plus seulement à être d'une culture, mais à être terrien.
Une planète pour patrie ? Oui, tel est notre enracinement dans le cosmos. Nous savons désormais que la petite planète perdue est plus qu'un lieu commun à tous les êtres humains. C'est notre maison, home, heimat, c'est notre matrie et, plus encore, notre Terre-Patrie. Nous avons appris que nous deviendrions fumée dans les soleils et serions congelés à jamais dans les espaces. Certes, nous pourrons partir, voyager, coloniser d'autres mondes. Mais ceux-ci, trop torrides ou glacés, sont sans vie. C'est ici, chez nous, qu'il y a nos plantes, nos animaux, nos morts, nos vies, nos enfants. Il nous faut conserver, il nous faut sauver la Terre-Patrie. La « communauté de destin » terrestre nous apparaît alors dans toute sa profondeur, son ampleur et son actualité. Tous les humains partagent le destin de la perdition. Tous les humains vivent dans le jardin commun à la vie, habitent dans la maison commune à l'humanité. Tous les humains sont emportés dans l'aventure commune de l'ère planétaire. Tous les humains sont menacés par la mort nucléaire et la mort écologique. Tous les humains subissent la situation agonique de l'entre-deux millénaires.
Il nous faut fonder la solidarité humaine non plus sur un illusoire salut terrestre, mais sur la conscience de notre perdition, sur la conscience de notre appartenance au complexe commun tissé par l'ère planétaire, sur la conscience de nos problèmes communs de vie ou de mort, sur la conscience de la situation agonique de notre fin de millénaire.
La prise de conscience de la communauté de destin terrestre doit être l'événement clé de la fin du millénaire : nous sommes solidaires de cette planète, notre vie est liée à sa vie. Nous devons l'aménager ou mourir.
Assumer la citoyenneté terrestre, c'est assumer notre communauté de destin."
Edgar Morin - Destin de Terrien - Evangile de la perdition.
Voilà en somme ce que nous disent ces deux auteurs, revenir à des bases mêmes que nous avons oubliées à trop vouloir avoir, maitriser, posséder, dominer.
Les échanges commerciaux, capitaux, la protection de l'être tant médical que social ont toujours existé. Ex : au moyen âge existait déjà une soulte pour les personnes malades ou ne pouvant plus travailler leur permettant de vivre chaque cooporation avait sa propre soulte.
Nous n'avons rien inventé nous avons développé..mais le dévéloppement contrairement au passé a été fait au détriment de l'humain et de son environnement.
Nous devons perdre de vue ce qui existe pour réinventer cela signifie faire le tri entre ce qui est bon pour l'humain et son environnement et ce qui n'est pas utile, indispensable.
Une refonte de l'économie sur une véritable économie de partage ; partage non pas de la totalité des richesses car cela ne se peut ...on a bien vu le Christ le demander et regardez son Eglise !
Non il faut faire en sorte que même le plus démuni puisse avoir accès aux biens utiles et nécessaires à sa dignité d'homme.
Que l'intérêt des plus riches ne prime plus sur l'intérêt de l'humanité.
Que l'homme puisse à nouveau penser, créer, façonner, se développer en harmonie. Ce que j'entends par là c'est que nos technologies ont fait des bons considérables mais nous nous n'avons pas évolué nous sommes restés à l'homme des cavernes évolués sans passer à l'homme de conscience, de lucité, évolué lui permettant d'être en parfaite adéquation avec ce qu'il crée, vivant en symbiose avec la Nature.
Nous devons faire un pas dans notre évolution mentale mais aussi morale afin que cette dernière puisse suivre l'évolution de sa technologie, de sa propention à toujours aller de l'avant et en même temps servir l'intérêt de tous et de chacun dans le respect de cet environnement sans lequel nous ne pourrions pas vivre.
Si nous arrivons à cela alors l'espèce humaine aurait fait un nouveau pas dans la chaîne de l'évolution et aura quitté le stade de l'homo sapiens.