09 décembre 2016
Une incarnation
Un joli poème de Marie-Christine
La petite âme n'avait déjà plus qu'un quart d'heure
Pour plonger dans le vide et rejoindre ses soeurs,
Atterrir en douleur dans l'antre aseptisé
Des bébés alignés où un corps l'attendait.
La petite âme novice, ne sachant pas freiner,
Pénètre dans son moi appelé nouveau-né,
Et se met à pleurer sous la violence du choc,
Les gens rient autour d'elle, tout le monde s'en moque.
Et comme si tant de peine n'était pas suffisante,
Sur cette étrange terre aux coutumes démentes,
Elle se voit du même coup endeuillée pour longtemps
De sa Mère d'origine restée au Firmament.
Pourtant il faudra vivre dans ce monde infernal,
Il faudra bien vêtir le costume animal
Et subir les assauts sans cesse répétés
Des émotions perverses et des lourdes pensées.
Il te faudra user, petite âme orpheline,
D'un courage exemplaire, loin des caresses divines,
Et lutter pour garder un peu de ta musique
Dans le froid grimaçant d'une terre amnésique.
Il te faudra grandir dans le chaos ambiant,
Purifier ta mémoire des rêves obsédants,
Délivrer tes désirs de leurs quêtes futiles,
Eloigner le vacarme des plaintes inutiles.
Il te faudra monter sans doute un peu plus haut,
Là où le genre humain dépasse son ego,
Où la vaste conscience enfin illuminée
Défriche la terre promise de ta divinité.
Commentaires sur Une incarnation

Françoise Dolto, psychanalyste d' enfants pensait différemment.
" L’embryon n’est pas un organisme, il n’est
pas un amas de cellules, pas un animal non plus, mais un
être « promis à la parole », en lien constant avec la parole de
ceux qui l’ont conçu."
J' ai beaucoup aimé le récit de Marie-Christine.

Les nouveau-nés me fascinent tant tout leur être me parle du pays d'où ils viennent. En fait je ne crois pas que ce soit un pays mais plutôt un état d'être, accessible à nous tous en fait. Mais pas si facile d'y revenir pendant cette vie qui nous a été donnée dans ce but justement. Tu sais "le royaume appartient aux enfants!" Quelle chance incroyable que d'avoir un corps humain ! J'ai vu mon frère réaliser cela quelques jours avant de mourir. Dommage que ce ne fut pas bien avant ! Sa vie n'a pas été de tout repos lui non plus, mais à la fin il appréciait la moindre petite attention, le moindre petit mouvement dans la forêt derrière chez moi. Ses yeux s'ouvrait parce qu'il était redevenu comme un enfant.

Ton frère s'était donc reconnecté à sa source divine, pur et innocent comme les petits enfants le sont encore avant leur traversée de la jungle terrestre.
On dirait que le but de la vie, c'est d'avancer pour retrouver nos origines. Paradoxal ! Mais au final, nous en sortons enrichis de tous nos efforts et de toutes nos expériences. Ce travail n'est pas en vain, même si on y perd momentanément d'un côté pour y gagner d'un autre. Nous progressons en conscience. Notre conscience s'élargit et s'élève, et peu à peu notre âme se réveille aussi de son engourdissement. Donc, soyons téméraires, nous en sortirons gagnants/gagnants !
Si nous comparons ce que nous étions au début et ce que nous sommes devenus, on peut dire qu'on a progressé ! Et maintenant, avec le temps qui s'accélère, on peut comparer avec ce qu'on était encore l'année dernière, y a pas photo ! Alors y a de l'espoir pour le futur.
J'aime beaucoup ton poème.