Ce qui m'est dicté du ciel ne m'appartient pas
Cette nuit, le vent du nord souffle fort.
Ma fenêtre est ouverte et le chauffage est coupé, comme
toutes les nuits. Mes yeux sont grand ouverts. C'est toujours comme ça quand le
vent souffle fort. Il influe sur mon état. Le vent m'excite et me réveille, ou
bien il m'empêche de dormir ; c'est la même chose.
La lune est invisible. Je la cherche et ne la trouve pas. Pourtant, là, devant
moi, au bas du ciel, une grosse planète scintille comme une étoile. C'est Jupiter,
l'étoile du berger. Sans doute que le ciel est dégagé, juste en bas.
Une sensation étrange parcourt mon corps et mon esprit. C'est propice à la méditation. Je m'assois sur ma chaise en bois plein, le dos bien droit et je commence. Le vent est un des nombreux objets de méditation lorsqu'il emplit le silence de la nuit. Notre attention est ainsi facilitée.
Quelques exercices de respiration, et l'esprit se dépose, telles des particules de boue dans un verre d'eau, lorsqu'on ne l'agite pas. Laissé inaltéré, l'esprit reconnaît sa vraie nature, débarrassé des souillures adventices. Sans le savoir, on se rapproche du meilleur. On ne sait pas à quel point les efforts des hommes pour croire à tout prix en un monde meilleur sont des attentes et des espoirs qui consolident leurs peurs. L'espoir d'obtenir quelque chose ou, encore pire, de l'attendre. Se dire que nous allons continuer à vivre durement et qu'au bout, il y aura la récompense.Oublier que c'est ici et maintenant que cela se passe, que la joie est si proche et si profonde qu'on ne peut pas le croire.
Ne pas se rendre compte que lorsque l'on est en connexion directe avec le divin qui est en nous, nous n'existons plus en tant que personne indépendante et séparée, esclave de son égo qui juge, perdu dans ses peurs et ses projections.
Alors nous sommes reliés au divin, non séparés, nous
vivons avec lui sans qu'il soit extérieur à nous ni cohabitant. Il est en nous
autant que nous sommes en lui.
C'est ainsi que nos intuitions émergent, que notre talent s'exprime, que nous
sommes capables de réaliser des choses que l'on croit extraordinaires alors
qu'elles deviennent d'un seul coup ordinaires. Comme le dit Marie Jeanne,
"ce qui m'est dicté du ciel ne m'appartient pas".
Je l'ai souvent écrit sur ce blog. Nos intuitions ne nous appartiennent pas, ni notre talent. Le talent est un don. Et le don nous est donné. Il ne nous appartient pas. Nous devons donc l'offrir aux autres en guise d'amour et pour le bien de l'humanité toute entière. Les talentueux ne peuvent pas revendiquer leur talent. Ils remercient le divin qui est en eux sans pour autant qu'il soit extérieur ou distinct et ils offrent leur talent à tous les êtres, sous quelque forme que ce soit.
Le poète écrit. Sa plume, légère, parcourt le papier comme une écriture automatique. Ses intuitions doublées d'un effort authentique devenu "sans effort" émanent du divin et ne lui appartiennent pas.
"De l'autre côté", c'est aussi "ici et maintenant", dans le monde parallèle de l'esprit tourné vers l'intérieur, dans le voyage astral intemporel du rêve ou de l'expérience de l'état de veille, dans la quête du cœur de l'esprit d'éveil, dans ces expériences de mort imminente où la clarté des événements, comme un message, nous renvoie pour un temps encore et pour faire de nous "des messagers du ciel".
Alain