Méditation sur la vieillesse
Je vieillis, je m’efface, je gomme les aspérités. Je me transforme et j’aspire à d’autres valeurs. Mon aspect physique se transforme et mon corps perd de sa tonicité mais, dans ma tête, je me sens encore jeune. Je comprends mieux, je prends le temps, ce temps qui s’enfuit à grandes enjambées et que je ne rattraperais jamais. J’accepte, je relativise, je ploie. Tout passe et tout évolue, je le sais, je le ressens. Il ne faut pas s’attacher. Rien ne sert de posséder, de s’agripper à ses souvenirs. Mon ego commence à être moins fort et les autres m’intéressent de plus en plus. Je deviens plus tolérant. J’avance encore à tâtons mais j’avance. Il n’y a jamais de fin, seulement des transitions.
Je regarde le monde, je deviens plus lucide et j’aime mieux. Mes pulsions sont moins fortes et je m’adoucis. Je connais mes défauts et mes faiblesses et je les accepte plus facilement. Surtout ne pas se voiler la face. J’ai l’impression d’avoir vécu plusieurs vies comme un acteur qui a joué plusieurs pièces de théâtre. Drôle d’impression, c’est moi et ce n’est pas moi. Ou allons-nous ? La vie est un vrai mystère et la mort aussi. Je parlais plus haut de transition et je pense que nous sommes toujours en transition. Fragile la vie, fragile le destin.
En quelques secondes tout peut s’arrêter. Rien n’est sûr. Il suffit d’en avoir conscience. Comme un oiseau sur la branche, instable et attentif, je m’attends à tout. Je quitte doucement le monde de l’illusion pour gagner les profondeurs de mon être.
« Comme le vent, je passe, éphémère, et je poursuis la route. Alizées, tempête, bourrasque ou douce caresse, mais je suis toujours le vent »
Daniel