Que c’est difficile de méditer ! Pourtant toutes les conditions sont réunies pour que je puisse méditer pleinement et profondément. Je dispose de temps, je vis dans un endroit calme et je dispose d’une salle de yoga. Et bien malgré cela, j’ai souvent du mal à entrer dans cet état de pause totale, prélude à l’apaisement de mon mental.
J’allume un bâton d’encens, je m’installe assis en tailleur, le dos bien droit, je ferme les yeux, me connecte à ma respiration. Bon tout semble parfait…Et voilà que les pensées surgissent. Elles m’emportent loin de la méditation. Elles se bousculent dans ma tête. Je sais…..Je devrais les laisser passer sans me laisser embarquer. Je devrais me comporter comme un observateur et non comme un acteur……
Alors je reviens à la méditation, je reviens vers moi et, quelques instants après, mes pensées me conduisent à nouveau dans des digressions sans intérêts. Je fais ainsi plusieurs allers et retours. Parfois tout se calme, la mer n’est plus agitée et j’éprouve une sensation de grande plénitude et une conscience plus grande. Je cesse pendant quelques instants d’être tiraillé par des tensions, des émotions ou tout simplement par mes pensées. C’est cela la méditation : se placer dans un état de non action total pour permettre au tumulte intérieur de se décanter. Et quand l’apaisement arrive, on voit plus clair.
Dans un livre de Frédéric Lenoir, une fable résume très bien ce processus :
Le méditant est comparé à une montagne, et les pensées aux nuages qui cachent la montagne. Le vent chasse les nuages couvrant la montagne, comme le souffle de la respiration va chasser les pensées. Des nuages passent, d’autres reviennent. Le vent les chasse les uns après les autres. Puis les nuages se font plus rares, moins sombres, il n’y a plus que quelques flocons perdus dans le bleu du ciel. Au bout d’un certain temps, ils disparaissent. La montagne apparaît alors dans toutes sa majesté. Ainsi en va-t-il des pensées, ces nuages qui brouillent la réalité de l’esprit et empêchent le lâcher-prise, l’émergence du Soi.
Donc je me débrouille avec mes pensées, j’apprends à faire taire un peu mon mental et cette expérience me prouve qu’il faut du temps, de la patience, de l’entrainement et un zeste d’abnégation…..Mais on n’a rien sans rien !! Il n’y a pas de miracle, simplement de la persévérance.
« Je suis vivant, assis devant une table en bois, je regarde la lumière pleuvoir sur le jardin. Que puis-je demander d’autre ?
Christian Bobin