09 mars 2018
Lettre à ma vie
Chère vie
Le moment est venu de te remercier car nous avons fait un long trajet ensemble. Ce ne fut pas toujours facile. Tu m’en as mis des bâtons dans les roues, tu m’en as donné des leçons ! Ai-je bien tout retenu ? Pas si sûr !
Mais j’ai beaucoup appris quand même, un peu comme à l’école avec une maîtresse assez exigeante. Quand je ne comprenais pas bien, tu n’hésitais pas à me faire réciter la même leçon.
Je te remercie notamment de m’avoir fait comprendre deux choses essentielles : La première, c’est que tout est éphémère, tout passe. Rien n’est jamais acquis et qu’un attachement viscéral aux êtres et aux biens n’est pas forcément une bonne attitude.
La deuxième, c’est qu’il est beaucoup plus facile de juger que d’essayer de comprendre. Cela m’a permis, malgré de nombreuses rechutes (ben, oui je ne suis pas parfait, loin de là !) de relativiser et d’accroître mon champ de conscience.
Chère compagne, tu m’as fait souffrir et donner aussi de grands plaisirs. Plus je vieillis et plus je tiens à toi, plus tu m’apparais précieuse. Je regrette presque de ne pas avoir su t’apprécier à ta juste valeur, trop pris par mes pensées, mes problèmes, mon égo ce qui me déconnectait souvent de ta réalité.
Oui, je te remercie sincèrement de ce que tu as fait pour moi et il m’a fallu cet instant pour te le dire. Quelle ingratitude !! On va encore cheminer un bout ensemble, certainement dans une meilleure harmonie car j’écoute mieux et je suis plus attentif. L’expérience que tu m’as transmise va être utile pour bien vivre la fin de cette histoire car je sais qu’un jour il faudra que je te quitte. Je souhaite le faire dans la lumière et la sérénité.
Daniel
Commentaires sur Lettre à ma vie
- Quitter la vie dans la lumière et la sérénité, voilà moi aussi mon voeu le plus cher...Bonne journée Daniel !
- Merci, Daniel, de cette lettre que j'aurais aimer écrire. Eh, oui, il faut toute une vie ou presque pour "savoir" Comme toi, j'espère encore quelques années pour vivre différemment. Il me semble que les générations qui arrivent sur terre sont beaucoup plus "éveillés", sans doute ont-ils une autre mission.
- Au dernier jour de mes derniers jours.
Quand ma bougie vacillera comme dans les contes symboliques.
Quand mon corps presque raidi, sera devenu camisole, avachi par la décrépitude et par un quotidien trop lourd.
Quand mes yeux qui ont tant pleuré et tant contemplé, lutteront sans force pour rester ouverts.
Quand mes membres craquants comme des brindilles ne me porteront plus.
Quand de ma peau chiffonnée le sang se retirera.
Alors seulement je te dirai. Alors seulement tu sauras.
Dans mon cerveau s’ouvrira une petite fenêtre de projection.
Sur l'écran du souvenir défilera le plus beau film qui fût. Un film en cinémascope. Un truc à rendre zinzin Hollywood et Cinecitta. Un condensé d’extravagances et de douces joies.
Le biopic d’une bergère naïve qui se croyait princesse, amoureuse de rêveurs qui l’emmèneraient en escapade, comme on se prend le coeur dans un tapis volant, sur le bleu velours sombre d’une nuit de Chine…
Je te dirai mes abandons sensuels, telle une tige un bambou ondulant au fil du vent qui passe, au fil des mains qui pansent.
Je te dirai en riant mes erreurs idiotes d’apprentie artiste, mon univers un peu lunaire.
Ma fuite de ce monde aliéniste, outrageux, incompréhensible, dont la violence scarifia mon cœur par endroits comme des épingles rouillées.
Mes espoirs de jardinière cultivant sans relâche des graines d'enfants.
Et ma maîtrise bien maladroite des déferlements d’émotions, de désir, de révoltes qui agitèrent mon âme et mon corps de tremblements.
Jusqu’à parfois se demander si la psychose, ou un grain de folie, ne me grignotaient pas sournoisement la cervelle de leurs dents de sabre. Comme des tigres furieux.
Tu sauras alors ma recherche obsédante du bonheur.
Dans chaque note de jazz, chaque étoile, chaque regard ami.
Comme tout le monde ici-bas. Pour oublier le malheur d’être simplement un homme ou une femme ordinaires, sur sur cette planète échouée sans conséquence...Un être humain aux poings serrés, impuissant. Absurde point de suspension précipité dans un bain d' acide.
Et puis, enfin, au milieu de mon chemin, j'ai trouvé le bonheur : il se cachait au fond de moi, tout simplement.
Et désormais, je sais que, au dernier souffle exhalé de ma bouche, que tu abreuvas de tant de baisers et de mots fous... je te dirai, la Vie, combien je t’ai aimée. - Une belle lettre à ta compagne "La ViE"...
" Une vie c’est une trace
Sur le bord d’un grand mystère
Quand l’espérance l’enlace
Vers un chemin de lumière…"
Merci pour ton passage sur mon blog, j'ai fait d'autres pommes sur la femme et j'en ferai d'autres!
http://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.fr/2012/01/poeme-ballade-la-vie.html - Que c'est beau, émouvant. Et comme je partage cette remarquable profession de foi. Je crois (?) que l'amour de la vie accroît au fur et à mesure que se raccourcit le temps qui nous reste. Plus que de la mort, je redoute la peur de la mort, je suis triste à l'avance du chagrin que peut-être elle provoquera, mais comme il faut la protéger, cette flamme de nos jours, et re-la-ti-vi-ser ce qui n'est pas important, finalement, au vu d'autres choses, et au vu d'elle. Bonne journée.