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Les voies de l'âme
5 septembre 2015

Une histoire de vaccin

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Les vaccins sont prêts à partir. Le pharmacien les a soigneusement placés dans une boîte en carton laquelle est glissée dans un sac de camping. La boîte en carton est entourée de glace, elle -même placée dans des sacs en plastique. Les vaccins devraient être ainsi protégés de la chaleur, pendant 24 heures, le temps de les acheminer  jusqu'à Kissidougou. Nous sommes en Guinée et Kissidougou est situé à 620 km de Conakry, la capitale, là ou réside le pharmacien. En Guinée, pas de trains et les voyages en avions coûtent fort chers. Seul moyen de transport: le taxi brousse.

Mais il faut d'abord se rendre à la gare routière pour louer un taxi brousse. Aujourd'hui à Conakry, il pleut et la pluie engendre des bouchons inextricables. Il faudra cinq heures au pharmacien pour atteindre la gare routière, située seulement à quelques kms de la pharmacie.

 Une course contre la montre s'engage. Les vaccins sont destinés à l'hôpital de Kissidougou, un hôpital démuni de tout ou s'entasse de nombreuses femmes enceintes. Une seule infirmière, une seule ambulance qui ne peut sortir qu'une fois par jour en raison de la pénurie d'essence, pas d'eau courante....

Abbas, le chauffeur est là. Il place les médicaments sous son siège. La glace commence à fondre. Le temps d'embarquer les neufs personnes à bord de son taxi, dont deux bébés et deux chauffeurs, il faudra trois heures pour sortir de Conakry. Il reste environ  16 h au chauffeur pour mener les vaccins à bon port. Son taxi collectif a 22 ans d'âge et 450 000 kms au compteur. Il est plein à craquer avec ses passagers et leurs bagages. La nuit commence à tomber sur la forêt guinéenne et la route nationale se réduit à une piste boueuse, parsemée d'ornières. Une boue gluante, toute rouge qui colle aux pneus.

La nuit s'épaissit et résonne de mille bruits qui montent dans le ciel.  Le chauffeur est obligé par moments de faire sortir les passagers pour alléger la charge et son taxi tangue dangereusement. Tout le long de la route, des camions renversés, des voitures abandonnées.....Pour éviter des attaques nocturnes, la nuit, par les bandits de grand chemin, Abbas trouve  prudent de s'arrêter de minuit à 5 h du matin dans un petit village.

Au petit matin, il y a 22 heures que les vaccins voyagent et il ne reste plus beaucoup de glace. Au bout de 24 h ils arrivent enfin à Kissidougou mais la pharmacie qui doit les recevoir est fermée! Le chauffeur appelle le pharmacien qui arrive une heure plus tard. Les vaccins sont placés in extremis au réfrigérateur !

Faire parvenir des médicaments  au quatre coins de la Guinée relève du miracle et est un vrai casse tête. Nous sommes bien loin de notre système de sécurité sociale !

Daniel( Les routes de l'impossible sur France 5)

Commentaires
F
la vie est bien dure dans certains pays
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A
Palpitant ce récit où la vie humaine est en jeu. Je sors doucement la tête des cartons. Amitiés.
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F
C'est grâce à ce genre de reportage que l'on prend conscience de la souffrance de certains peuples que peut engendrer cette lutte permanente pour simplement vivre...
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M
Que ceux qui vivent ici se félicitent de leur chance et réalisent que, normalement, ils vont devoir la partager...
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P
Effectivement ça relativise sur beaucoup de choses... Autant sur la santé que sur la sécurité, ainsi que l'état des routes et des voitures.
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C
cc..<br /> <br /> Un ailleurs sur la méme terre,<br /> <br /> qui prends des allures d'un autre monde...<br /> <br /> c'est tellement émouvant quand on s'y interesse..<br /> <br /> bon week end a toi<br /> <br /> bzzz<br /> <br /> claire
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G
comment oserions nous plaindre d'être mal soignés quand on prend conscience de la situation dans ces pays-là?<br /> <br /> cela relativise tout
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