Théroigne de Méricourt
Les belges ont aussi leur héroïne féministe. A la suite de mon texte sur Olympe de Gouges, José, un ami liègeois, m'a adressé ce texte concernant Théroigne de Méricourt qui a vécu à la même époque qu'Olympe de Gouges. Deux femmes courageuses au destin tragique.
Liège et bon nombre de ses citoyen(ne)s ont aussi “fait la révolution”. Parmi eux, Théroigne de Méricourt.
Demi-mondaine entretenue par un vieux marquis affairiste, débauchée par un amant anglais et escroquée par un castrat chanteur à la chapelle Sixtine, mademoiselle Anne Josephe Terwagne, dite Théroigne de Méricourt, a 29 ans lors de la prise de la Bastille. Les événements de 1789 qui se déroulent sous ses yeux la fascinent. La révolution en marche va changer sa vie : elle décide d'assister aux travaux de l'Assemblée constituante. Elle est devenue "La belle Liègeoise", comme la nomment les représentants du peuple qu'elle fréquente, faisant ainsi référence à ses origines ardennaises. Elle ouvre un salon politique et participe à la fondation d'une société patriotique, la société des amis de la loi. Seule femme parmi une communauté d'hommes brillants, ni épouse, ni mère, ni muse, ni servante, elle est à part, dérange et le sait. Peu lui importe.
« Flamboyante aventurière » pour Lamartine, « amante du carnage» écrira Baudelaire dans un sonnet qu'il lui consacrera, elle ne fait pas partie de ces figures féminines de la Révolution, comme Olympe de Gouges ou Sophie de Condorcet, qui se battent pour l'égalité politique des femmes. Dans cette atmosphère révolutionnaire des années 1790-1791 qui va emporter Louis XVI et la royauté, elle revendique pour les femmes une place dans les combats qui s'annoncent contre l'Autriche, la Prusse et l'ensemble des royautés européennes. Elle appelle à la formation de bataillons féminins, elle veut des amazones déterminées à défendre la nation. C'est sur les barricades et les champs de bataille que les femmes, croit-elle, s'imposeront aux yeux des hommes. Son féminisme est guerrier : le 10 août 1792, elle participe au lynchage de plusieurs opposants royalistes et, sabre au clair, monte à l'assaut du palais des Tuileries avec les Parisiens des quartiers populaires qui veulent la fin de la monarchie. Rien ne l'arrête. Pourtant dès 1793, elle disparaît de la scène révolutionnaire, échappe à la guillotine de "La grande Terreur" mais sombre dans la folie.
Sa légende perdurera tout au long du XIXe siècle.
Transmis par José Buche