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Il est huit heures du matin. Je me rends au laboratoire d’analyses médicales comme je le fais tous les mois pour une prise de sang. Je franchis la porte de la salle d’attente et plusieurs personnes sont déjà là, attendant leur tour. Heureusement j’ai pris mon journal avec moi. Je m’installe confortablement et commence ma lecture.

C’est un laboratoire assez important et il y quatre infirmiers et infirmières pour effectuer les examens. J’ai mon préféré : un homme timide voir effacé, qui semble gentil et modeste et qui dégage une vibration spéciale. Nous ne nous parlons jamais car une prise de sang s’effectue très vite. Dans ma tête, je me dis « Tiens j’aimerais bien qu’aujourd’hui ce soit lui qui me prenne en charge ». Coup de chance ! Après un temps d’attente assez court, c’est lui qui m’appelle. Nous rentrons dans le cabinet, je m’assois et tends mon bras.

 Et oh surprise !Il me dit alors « Ah vous lisez le Parisien ? Est-ce que c’est un journal intéressant ». Je lui réponds que j’aime bien lire le Parisien car c’est un journal très varié qui aborde tous les sujets. « Et vous que lisez vous » lui dis-je. « Moi je ne lis pas la presse quotidienne mais plutôt des magazines : Le Point, L’Express, le Nouvel Observateur, un hebdomadaire de droite et un de gauche pour me faire mon opinion ». Et moi « Je lis aussi le Canard Enchainé »Et lui de me répondre « J’ai arrêté de le lire car je le trouve trop complice du pouvoir. Je vais aussi sur internet lire le Monde et surtout le blog de Jacques Attali. Son blog est très intéressant et puis c’est un grand mathématicien. Je suis comme lui, j’adore les mathématiques ».

 Et moi de lui dire «  Mais qu’est ce que vous faites là, en tant qu’infirmier, à faire des piqures ». Sa réponse me laisse pantois «  Je suis le directeur du laboratoire et surtout un chercheur. Je viens de découvrir une nouvelle molécule concernant une maladie grave dont je ne peux dire le nom car la recherche est encore très secrète ». Je réitère ma question «  Mais alors pourquoi faire des piqures car votre temps vous est compté ». Il me répond « Je n’ai pas assez de temps pour tout faire et si je fais des piqures, c’est parce que je n’aime pas que les gens attendent trop longtemps ».

 Je le quittais perplexe me disant qu’il ne fallait pas se fier aux apparences et qu’il fallait faire attention aux jugements que l’on portait sur les personnes. J’espère bien continuer la conversation avec lui une prochaine fois.

Daniel