Sombreros et mantilles
Sombreros et Mantilles
Sur son blog(http://sur.le.chemin.over-blog.com/), Maylie parle d’un souvenir d’enfance où elle évoque une chanteuse populaire qui fut célèbre après la guerre, Rina Ketty. Cela a remué en moi quelques souvenirs.
J’avais 10 ans et, chaque année, je partais en vacances avec mes parents dans le Limousin près de Limoges, là où habitait ma grand-mère. Je m’y ennuyais ferme car j’étais un enfant plongé dans un monde d’adultes et ce monde ne m’intéressait pas. Difficile pour moi d’avoir des copains avec qui jouer car, ce n’était pas en venant une fois par an, au mois d’août, que je risquais de me faire des amis. Mes seules distractions consistaient à aller chercher le lait tous les soirs à la ferme. Nous partions tous les deux, ma grand-mère et moi. Je lui donnais la main et dans l’autre je tenais le pot de lait. Arrivés à la ferme on entrait dans l’étable où la fermière allait traire une vache qui nous donnait un breuvage bien mousseux et tout chaud. Parfois avec ce lait ma grand-mère faisait du beurre. Elle s’installait confortablement sur une chaise, un bol entre les jambes et battait vigoureusement le lait pendant un temps assez long. Et miracle ! Celui-ci se transformait progressivement en beurre, un bon beurre qu’on étalait le matin sur nos tartines. J’aimais cet instant. Une odeur de café flottait dans la cuisine et le pain de campagne, livré par le boulanger dans son camion, était encore tout chaud et croustillant.
Autre distraction : le lavoir. Une fois par semaine ma grand-mère m’emmenait au lavoir. Elle posait le linge sale dans une brouette et nous traversions, tous les deux, le village pour nous rendre à ce vieux lavoir. Elle y retrouvait d’autres femmes car c’était un lieu d’échanges où tous les secrets du village étaient connus. Je me rappelle toutes ces femmes, vêtues de noir, les mains rosies par le froid de l’eau, brassant leur linge avec détermination.
La vie était rude et les commodités encore sommaires. Ma grand-mère prenait son baquet en bois qui lui permettait de se mettre à genoux au bord de l’eau. Puis elle posait son linge à côté d’elle. Elle avait un grand battoir et tapait, tapait fort sur son linge. C’était très physique surtout lorsqu’il s’agissait de laver des draps et de les essorer ensuite. Pour l’essorage il fallait être au moins deux à tourner le drap. J’étais fasciné par l’eau toute bleue qui s’écoulait du lavoir, la couleur étant due au produit utilisé. Laver du linge, prenait du temps car il fallait repartir avec la brouette, rentrer à la maison et l’étendre sur le fil. La machine à laver et l’essoreuse n’existaient pas encore. Mais quel bonheur de se coucher dans des draps si propres et si bien aérés.
En dehors de ces activités, pas grand chose à faire. Heureusement il y avait dans la grande maison, un vieux gramophone et plein de disques. Alors je m’installais dans le jardin. J’aimais bien ce gramophone. Son haut parleur avait la forme d’une fleur et il fallait le remonter à la fin de chaque morceau. A cette époque, écouter un disque se méritait vraiment ! Il fallait aussi parfois changer l’aiguille qui s’usait à force de tourner. Mes disques préférés étaient ceux de Rina Ketty » Sombreros et mantilles » et « J’attendrais », les gros succès de l’époque. Je les connaissais par cœur et les ai écoutés un nombre incalculable de fois.
Le temps s’écoulait ainsi dans la chaleur du mois d’août, mon chien me manquait beaucoup. Cette grande maison me faisait peur, surtout la nuit. J’avais l’impression que des fantômes traversaient les pièces. J’enfouissais ma tête sous les draps, tremblant de peur. Les arbres commençaient à jaunir et fin août, il n’était pas rare de trouver des champignons, de gros et vigoureux ceps que l’on s’empressait de déguster dans une omelette bien baveuse. J’avais hâte de rentrer chez moi, de retrouver ma maison et mes habitudes.
Souvenirs….Souvenirs….
PS: Sur google, j'ai retrouvé une photo du lavoir. Il n'a pas changé !
Daniel
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