Conversation avec moi -même
Daniel, qu’as-tu fait de ta vie ?
Quelque chose de très moyen. Il y a eu des hauts et des bas, notamment cette aptitude à se lancer dans des projets plus ou moins fiables. Manque de discernement et de lucidité, désir d’être mis en avant et d’être reconnu. Donc un égo qui a pris une belle dimension. Il m’a fallu longtemps pour comprendre que la sagesse même était de savoir rester à sa place.
Mais alors qu’y a-t-il de positif dans ta vie ?
Peut-être mes enfants. Si j’ai manqué de maturité et de présence auprès d’eux, je crois que j’ai su les écouter sans les juger. En tout cas ce sont des adultes relativement équilibrés. Je pense avoir bien fait la transition, avec eux, entre l’enfance et leur vie d’adulte.
Que regrettes-tu le plus ?
Mes inconséquences et mes frasques : des aventures douteuses, mes mensonges et mon égoïsme. L’image de moi n’était pas juste car je me suis cru parfois « trop beau ». Tout au long de ma vie je me suis demandé si j’aimais vraiment mes proches.
Quels défauts penses-tu avoir ?
A mon avis mon plus gros défaut est l’impatience. Puis l’orgueil et la susceptibilité. Je trouve aussi que je me suis trop comparé aux autres. J’ai enfin compris que cela ne servait vraiment à rien.
Quelques qualités quand même ?
La ténacité, la générosité et la tolérance (malgré mon impatience).
Tu ne parles pas de ta femme ?
Après des débuts difficiles (au bord du divorce), ma femme représente tout ce que je voudrais être. Elle est zen, compréhensive, vivant son existence avec beaucoup de recul. Très conviviale, elle a beaucoup d’amis. Enfin elle a une âme d’artiste. Vivre à deux est extrêmement difficile. Cela exige de la tolérance, de la compréhension, du dialogue et le respect de la personnalité du conjoint. On apprend beaucoup sur soi dans la vie de couple. J’ajouterais aussi que l’on est toujours seul dans la vie.
Quelque chose à rajouter ?
J’ai toujours pensé que la vie était une occasion de s’enrichir. J’ai beaucoup travaillé sur moi sans toutefois avoir des résultats retentissants. Mais je persévère. Je me sens très concerné par l’humain et l’évolution de la société. J’ai beaucoup de plaisir à donner des cours de yoga et à faire moi-même du yoga. J’y trouve un certain enrichissement. Je crois en un au-delà, à une vie après la mort, aux cycles des morts et des renaissances. Bien que respectueux des religions, j’avoue que ce n’est pas trop mon truc. Je n’aime pas le dogmatisme qui génère l’intolérance. Je suis un solitaire qui n'aime pas les coktails et les réunions où il ne se passe rien. Je me sens très proche de la nature et des animaux. Un jour je partirais et je sais au plus profond de moi que tout est éphémère.
Pourquoi avoir écrit ce texte qui, bien sûr, n’a rien d’objectif ? Parce que je trouve que les relations sur internet sont souvent trop neutres, trop théoriques, trop conformistes. Le virtuel rend les relations trop stéréotypées. Ma vie, en soi, n’a pas trop d’importance. L’échange et le partage sont bien plus importants.
Daniel