la conscience ne se plie à aucune discipline
Si la conscience fait l'objet d'une pratique, d'une habitude, alors son exercice devient fastidieux et douloureux. La conscience ne peut être liée à aucune discipline. Ce qui fait l'objet d'une pratique n'est plus de l'ordre de la conscience claire, car toute pratique suppose l'instauration d'une habitude, la mise en œuvre d'un effort et l'exercice de la volonté.
L'effort dénature tout. La conscience couvre non seulement notre environnement extérieur – le vol des oiseaux, les ombres, les flots agités de la mer, les arbres et le vent, le mendiant et le défilé des voitures de luxe – mais elle couvre aussi le mécanisme de notre psyché, nos tensions et conflits internes. Vous ne condamnez pas un oiseau en vol: vous l'observez, vous en voyez la beauté. Mais, lorsque vous considérez vos déchirements intimes, c'est pour les condamner ou les justifier. Vous êtes incapables d'observer ces conflits internes sans aucune notion de choix ni de justification.
Avoir pleinement conscience de ses pensées et de ses sentiments, sans s'identifier à eux ni les renier, n'a rien de fastidieux ni de douloureux ; mais si l'on est à l'affût d'un résultat, d'un objectif à atteindre, le conflit ne fait que s'accroître et l'ennui de l'effort s'installe.
Krishnamurti