De Cohn-Bendit à Gabriel Nadeau-Dubois
Montréal vu du Mont Royal
Décidément le monde continue de bouger. Ce qui se passe actuellement au Québec est significatif de cette agitation. Je m’informe, via la presse, de l’évolution du mouvement de contestation étudiants qui sévit au Québec et cela me rappelle une époque que j’ai vécue en France : Mai 1968. Il ya une similitude entre ces deux mouvements : contestation étudiante qui dégénère en un mouvement de révolte plus vaste, un leader charismatique dans les deux cas : Cohn- Bendit en France et Gabriel Nadeau-Dubois au Québec, une fronde qui s’étend aux autres générations. Tout est parti d’une décision prise par le gouvernement de Jean Charest d’augmenter les droits d’inscription dans les universités de 75%. Quelle sera la suite de ce mouvement qui dure maintenant depuis trois mois ? Essoufflement et renoncement des étudiants ou chute du gouvernement ? Pour l’instant Gabriel Nadeau-Dubois, avec son look d’enfant bien sage, ne lâche pas la pression. Derrière tout cela, semblent se profiler des divergences entre l’approche libérale du gouvernement actuel (à l’anglo-saxonne) et le souhait d’une plus grand aide de l’état.
En écrivant cela, des souvenirs, liés à mai 68, reviennent à la surface. J’étais étudiant et déjà marié. J’habitais dans la banlieue parisienne, au 12e étage d’une tour qui en comptait 15. Le cœur de la contestation se situait sur le Boulevard St Michel à Paris. Cohn-Bendit, un sacré orateur, accompagné d’Alain Geismar et Jacques Sauvageot, mobilisait les étudiants sur les barricades. La Sorbonne était en émoi et le boulevard St Michel noir de fumée. A la tronçonneuse les étudiants sciaient les arbres et dépavaient les rues pour construire les barricades. Lorsque les CRS chargeaient violement, il y avait bien entendu de la casse et les ambulances n’arrêtaient pas d’aller et venir.
Le pays était paralysé. Des assemblées générales se tenaient un peu partout dans les entreprises, les écoles, les universités. On refaisait le monde et on dénonçait les privilèges. Nombreuses grèves, coupures d’électricité….Et moi qui habitait au 12e étage, je ne rigolais pas tous les jours. Pénurie d’essence…queues interminables aux pompes. Des petits malins avaient stocké de l’essence dans les baignoires des appartements de mon immeuble. Lorsqu’on rentrait le soir, en montant les 12 étages à pied, une odeur d’essence nous prenait à la gorge. Une allumette et pfitt…..Plus d’immeuble ! C’était cela aussi mai 68 !
Daniel
NB: J'ai effacé par erreur le message de la personne qui disait avoir vécu une EMI. Je souhaiterais entrer en contact avec elle. Si jamais elle lit mon appel.......
La musique que vous écoutez a été composée par Bernard Tabanous. Elle figure sur son album"Souffle de vie" et s'appelle"Aube".