Silence on tourne
J’étais dans ma voiture, parti faire des courses. Arrêté à un feu rouge, je tournais ma tête à droite et vis un bulldozer en train d’abattre un mur. C’était le plus vieux cinéma de la région que l’on était en train de détruire ! Destruction définitive ou destruction pour reconstruction ? Je n’en sais rien, mais cela me plongea pendant quelques instants dans mon enfance. Quand j’étais petit, il y avait trois cinémas dans ma ville : le Bijou, l’Excelsior et L’Eden. Seul l’Excelsior a subsisté, indifférent au temps qui passe. Et voilà qu’on le détruit ! C’était un beau cinéma qui contenait 800 places. Il y avait un balcon et, à côté du balcon, un bar.
A cette époque aller au cinéma constituait une sortie importante. J’aimais m’y rendre le samedi soir avec des copains. La séance démarrait à 21 heures et se terminait vers 23 heures 30. D’abord un documentaire, suivi des actualités (vous vous rappelez certainement la Twenty Century Fox et de toutes ces filles qui levaient la jambe en même temps). Puis l’entracte pendant lequel tout le monde allait au bar, boire une boisson ou déguster une glace. Cela durait dix minutes ou un quart d’heure. En fin c’était l’heure du film. Je me souviens de ce film avec Gary Cooper »Le train sifflera trois fois ». J’adorais les westerns, les films de cow-boys et d’indiens. J’étais fasciné par les Apaches et Sitting Bull était mon idole. La séance coûtait deux francs ! On rentrait à la maison dans la nuit, sans crainte d’être agressés. On chantait dans la rue et on tirait sur les sonnettes en s’enfuyant à toutes jambes comme de vrais garnements. Le ciel était rempli d’étoiles, on était heureux.
Daniel