"Si la difficulté pendant la méditation est l'intrusion de pensées de toutes sortes, ce n'est pas dû à des forces hostiles, mais à la nature ordinaire du mental humain. Tous les sâdaka rencontrent cette difficulté, et pour beaucoup elle dure fort longtemps. Il y a plusieurs façons de s'en débarrasser.
L'une est de regarder les pensées, mais sans les approuver, d'observer la nature du mental humain telle que ces pensées la révèlent et de les laisser s'épuiser jusqu'à ce qu'elles s’arrêtent.
Un autre procédé consiste à regarder les pensées comme n'étant pas siennes, à devenir le témoin qui se tient en arrière et refuse son assentiment. Les pensées sont considérées comme venant du dehors, de la Nature universelle, et on doit les sentir comme des passants qui traversent l'espace mental, avec lesquels on n'a pas de rapport et auxquels on ne prend aucun intérêt. De cette manière, il arrive généralement que le mental se divise en deux au bout d'un certain temps : une partie qui est le témoin mental et qui observe, tout en étant parfaitement tranquille et non dérangée, et l'autre qui est l'objet de l’observation. Après cela, on peut se mettre à tranquilliser ou à réduire au silence cette partie aussi.
Il y a une troisième méthode, active, par laquelle on s'efforce de voir d'où viennent les pensées, et l'on s'aperçoit qu'elles ne viennent pas du dedans mais d'en dehors de la tête, pour ainsi dire. Si l'on peut les détecter pendant qu'elles viennent,, alors, avant même qu'elles n'entrent, on doit les rejeter complètement . Ce moyen est peut-être le plus difficile, et tout le monde ne peut pas le faire ; mais si l'on peut le faire, c'est le chemin le plus court et le plus puissant pour arriver au silence.."
Extraits des enseignements de "Mère", compagne de Sri Aurobindo, transmis par Marie Christine
Mais qu'est-ce que la méditation de base car ici, il s'agit de la méditation de base non ?
Si on parle de l'introspection, de l'analyse ou du raisonnement, ce sont des méthodes que chaque individu utilise quand cela se produit.
Il n'y a pas de lieu ni de moment pour cela.
Mais souvent, ce n'est que le mental qui fonctionne et les écoles de méditation vous diront toutes qu'il faut, avant d'entrer dans une vision profonde, établir l'esprit, le centrer en quelque sorte, en l'apaisant. Ce n'est qu'après que l'on pourra être connecté à notre esprit de sagesse créant une brèche permettant l'accès aux intuitions.
L'homme est un créateur. S'il crée c'est parce qu'il possède en lui l'intuition qui ne lui appartient pas mais dont il facilite l'émergeance par une prédisposition d'ouverture et d'humilité. L'artiste crée à travers le don (talent) qui lui est donné. Il exprime ce don grâce aux intuitions émanées du divin. S'il ne crée pas, l'artiste dégénère, devient malade et se meurt.
La méditation de base ne peut être que formelle sinon cela ne marche pas. "Formelle" signifie que l'on prépare le corps et l'esprit ensemble, en unité, pour parvenir à ce que l'on appelle le "calme mental". C'est la base.
En sanskrit, cela s'appelle shamata et en tibétain shy-né.
En premier lieu, on cherche un lieu adapté, pour s'asseoir, même s'il est toujours possible de méditer debout. Cela demande tout de même quelques années de pratique.
S'asseoir signifie observer quelques règles de base sur la posture.
Dans la méditation de base, le corps est immobile, le regard aussi et le dos est droit. Là, on est dans le simple.
La respiration est consciente. Le corps est à l'aise.
Alors quel est le but ?
Dissoudre l'esprit ordinaire (le mental) dans l'esprit de sagesse non duel, comme les vagues de l'océan qui s'échouent sur la plage avant de redevenir eau.
Rejeter les pensées ne sert à rien puisqu'elles reviennent de toute façon (comme les vagues). On ne peut donc que les accepter et prendre conscience de leur caractère impermanent.
Si l'on est immobile, chaque fois qu'une pensée émerge, laissons-là pour ce qu'elle est. On peut juste la reconnaître comme étant négative, positive ou neutre c'est tout, mais ne la saisissons pas.
Si l'on est débutant, on aura besoin d'un objet, comme la respiration ou encore une image ou bien un son. Le but est d'être attentif à cet objet tout en étant spacieux et ouvert pour trouver la paix et la tranquillité dans le mouvement des pensées.
Chaque fois que l'on se surprend à être distrait par la saisie d'une pensée, ramenons notre esprit à l'objet par la vigilance, cette petite lampe lumineuse qui nous rappelle l'attention. Mais soyons détendu, ouvert, spacieux.
Cette méthode est la seule qui soit enseignée pour centrer son esprit.
Lorsque nous ne faisons plus de différence entre le mouvement des pensées et la tranquillité, sans jamais saisir quoi que ce soit, c'est-à-dire sans jamais enchaîner une pensée à une autre, alors on peut parvenir à l'état centré en un point.
De là émergent tout un tas d'expériences propres à chaque être humain.
L'expérience la plus intéressante de cette pratique est le calme et la paix que nous ressentons au plus profond de notre être. Une énergie formidable est emmagasinée. C'est une pratique à la fois de purification et de guérison, indiscutablement.
On peut avoir la sensation de prendre un "bain de lumière" et de demeurer en paix.