Le bonheur selon Sarah
On croit toujours qu'il sera pour plus tard alors qu'il est dans chaque instant, même dans les plus grosses galères.
Est-ce parce que demain je vais à l'enterrement de ma grand tante maternelle que les instants de bonheur me reviennent en mémoire...moments d'enfance de rire et de joie, mémoire du son de sa voix ? Est-ce le souvenir de cette maison, où le soir venu, nous jouions sur une palette de zinc à lancer des palets plats ? Est-ce le bonheur de voir la fratrie réunie autour d'un bon repas, entendre les histoires de chacun et de voir les sourires illuminer les visages ?
Tout cela, c'est le bonheur instantané, éphémère, mais tellement cher à mon cœur.
Le bonheur de mes parents aussi dans un modeste deux pièces avec pour unique table un cageot retourné et un poêle à mazout qui ne fonctionnait pas...les années de galères où même acheter un vêtement était un luxe, la lutte incessante pour progresser socialement et, comme le progrès arrive, on grimpe d'un étage avec le confort.
La galère du premier enfant nécessitant l'alitement complet de ma mère lui interdisant toute marche au risque d'une fausse couche, mais la joie aussi d'une naissance !
L'épargne constante, sans rien demander à personne, pour aboutir enfin à l'achat de la première maison, une résidence secondaire, ancien corps de ferme pour cultiver son potager, et embellir son jardin près des champs et des sentiers. Promenades en vélo, dégustation des fruits sauvages, chasse aux escargots !
En puis enfin le but ultime, l'achat de la résidence principale : une maison avec un jardin. Mais qu'est-ce que le matériel sans la famille?...rien…. Il n'apporte que la sécurité pour ceux qu'on aime, pour les protéger, pour subvenir à leur besoin. Mais le plus beau, c'est le partage, la convivialité, les rires autour d'une table, de voir ses enfants et ses petits-enfants s'épanouir, parler avec leurs mots d'enfants, instaurer cette paix et cette sérénité qui seront le baume du cœur quand ils seront partis...On ne se rend compte parfois du bonheur que lorsqu'il s'éteint ou s’échappe. On n'en profite pas assez lorsqu’il est là : trop de préoccupations, de "j'ai pas le temps" et on passe complètement à côté.
Chaque rire, sourire est un moment de bonheur, sachons l’apprécier et le reconnaître !
Sarah